Chroniques judicieuses, malicieuses et facétieuses, le dimanche matin. Un feuilleton "Appelez-moi Fortunio" le jeudi matin. Et en prime, de la réclame pour les œuvres étonnantes de Pierre Jooris, en vente dans les meilleures librairies.
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dimanche 15 septembre 2013
Chronique du temps exigu (77)
La démocratie est faite pour l’homme, mais celui-ci n’est pas fait pour celle-là. Le 11 septembre 1973, l’armée prend le pouvoir au Chili, avec l’aval, l’aide peut-être, de la plus grande démocratie occidentale.
Au nom de quoi une grande démocratie peut-elle soutenir et aider des militaires à torturer, violer, tuer ? Au nom de quoi peut-elle faire perdurer un gouvernement non élu et installé par la force ? Au nom, tout simplement, du réalisme économique. La démocratie, c’est bon pour les pays riches, pas pour les latinos, faut pas rigoler tout de même !
Donc, réfléchissons : dans les pays riches, occidentaux et bien-pensants, on accepte la dictature des puissances d’argent pourvu qu’ils arrosent suffisamment une classe moyenne aveugle, égoïste et auto satisfaite (quoique toujours prête à vilipender avec à propos et du bout des lèvres les financiers véreux…) qui fait le terreau dans lequel poussent les roses urticantes d’un libéralisme économique rayonnant. Pour ce qui est des autres pays, on est bien content d’accepter des dictateurs qui font travailler non seulement les marchands d’armes mais aussi leurs employés qui ne se soucient guère des conséquences de l’utilisation de leur fabrication. Évidemment, un ouvrier dans une fromagerie peut être moins inquiet des retombées d’un fromage, même bien fait et coulant, sur les populations environnantes.
Bien sûr, dans les pays dits riches, tous les habitants ne sont pas riches ni ne font partie de la classe dite moyenne. Mais tous ont le droit d’avaler les couleuvres que leur distillent à gros bouillons les chaînes, payantes ou non, de radio et de télévision ; tous ont la possibilité d’entendre, sinon d’écouter, les passionnantes analyses politiques et économiques des experts consanguins et écholaliques du petit monde de la communication audiovisuelle ; tous ont accès à la potion magique des discours des politiciens de toutes farines. C’est cela la démocratie moderne, une amère potion concoctée sur le dos des pays qui n’y ont pas droit. Une tisane lénifiante pour les électeurs des pays riches et une purge, un bouillon d’onze heures pour les autres.
Voilà ce que Platon écrit : « …à mon avis, la démocratie s’établit quand les pauvres, victorieux de leurs ennemis, massacrent les uns, bannissent les autres et partagent également avec ceux qui restent le gouvernement et les magistratures ; le plus souvent même les magistratures y sont tirées au sort. » (Platon, La République)
On voit par là que, bien des années après, la démocratie n’est plus ce qu’elle aurait pu être.
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