Chroniques judicieuses, malicieuses et facétieuses, le dimanche matin. Un feuilleton "Appelez-moi Fortunio" le jeudi matin. Et en prime, de la réclame pour les œuvres étonnantes de Pierre Jooris, en vente dans les meilleures librairies.
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dimanche 1 septembre 2013
Chronique du temps exigu (75)
C‘est les vacances, c’est la transhumance, les journaux télévisés s’en donnent à cœur joie et abreuvent leurs sillons d’embouteillages, de bouchons routiers et de prévisions bison futé/grenouille rusée. L’on peut admirer des interviouves de gugusses aux orteils aérés, exhibant des mollets gracieux et des commentaires frisant le haut des pâquerettes.
Des hordes de burgondes, de bataves, d’éburons, de séquanais, de ménapiens, de goths, de vikings et autres tribus motorisées se pressent aux péages autoroutiers en vue d’envahir un sud mythique. Tout ce qui existe au soleil, tout ce qui représente un embryon de culture folklorique, tout ce qui fabrique de quoi empiffrer et abreuver le genre humain, tout ce qui permet de soulager vessies et boyaux est pris d’assaut dans toutes les langues. Les aires d’autoroutes, véritables tours de Babel, deviennent pour un temps les nouveaux forums d’une république des mollets en goguette.
Puis, voilà la rentrée avec son traditionnel embouteillage de caddies le long des gondoles à cahiers, à cartables et à stylos. Les mêmes gugusses, en version femelle de préférence, ont à nouveau la parole sur les ondes télévisuelles.
Les mêmes, ou à quelque chose près, sont sélectionnés pour exprimer qu’ils en ont marre. Car l’on n’interviouve que ceux qui en ont marre de quelque chose, les autres sont sans intérêt. Et il est merveilleux de voir à quel point l’on trouve des couillons prêts à dire qu’ils en ont marre de quelque chose : ils en ont marre du temps, de la pluie ou du soleil ; ils en ont marre des bouchons, des péages ou des aires d’autoroutes ; ils en ont marre de la vie chère, de la chère vie, des cahiers, des gommes et des caddies dont la quatrième roue tourne quand cela lui chante. Des sinistrés intellectuels on en trouve toujours et ils sont toujours prêts à vomir leur sinistre sur les écrans. Ce n’est vraiment pas parce que l’on n’a rien à dire qu’il faut se taire.
Tant qu’il y aura des gugusses, il y aura de la télé…
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