Le monde est petit…
Ainsi parlait Sara Toussetra, commerçante et philosophe urbaine. En effet, en vacances dans la Creuse, voilà qu’elle est tombée nez à nez avec la fille du cousin de sa concierge à la foire à la citrouille de Cucugnac sur Bouze. Bien sûr, comme le disait M. Perrichon : « Que l’homme est petit quand on le contemple du haut de la mère de Glace ! » mais que le monde est petit lorsque les mêmes gens se pressent autour d’une citrouille.
Cette courte phrase me donna l’idée de lire le journal
éponyme, grand journal du soir dont la face cachée fut dévoilée il y a quelques
années. Pour la saint Hyacinthe, ce journal a publié le numéro 100 de son supplément
avec, en couverture, une photo du créateur de SAS accompagnée en pages
intérieures d’un article sur le dit créateur. Je fus, dans ma jeunesse, un
lecteur sinon assidu, du moins attentif, d’une vingtaine d’opus de ce
romancier. On se lasse même des meilleures choses et la répétition roman après
roman des mêmes mécanismes guerriers et sexuels fit que je passai à d’autres
lectures. J’avoue avoir préféré dans un genre un peu différent genre les
aventures de San-Antonio, c’était un garçon d’une verve infinie, d’une
fantaisie exquise comme aurait pu dire Hamlet.
Revenons à notre romancier. Ses romans sont depuis des décennies en tête de
gondole des relais de gare et figurent en bonne place dans bien des maisons de
la presse et autres, plus de cent millions d’exemplaires ont été vendus. On
pourrait penser que le père de ce héros récurrent est heureux de son
succès. Que non pas ! Il souffrirait, d’après les auteurs de l’article,
d’un manque de reconnaissance… Alors là, les bras m’en tombent et je ne résiste
pas une fois de plus, avec cette immodestie qui est mienne, à
m’auto-citer : « Mais aujourd’hui, il n’y a plus vainqueurs ni
vaincus, il n’y a plus que des victimes. Il n’est plus nécessaire de se battre
pour vaincre, il suffit de savoir se faire plaindre. » (Chronique du 7 juillet 2013). Et le
journaliste de s’en donner à cœur joie, de passer la brosse à reluire sur ce
Nostradamus des temps modernes et de plaindre ce pauvre hère. Quelques bémols
ici ou là, manière de montrer qu’on est qu’à moitié dupe.Bon, ils font leur sauce américaine à leur goût mais était-il utile de citer le triste mot de ce romancier au sujet de Jonathan Littell, l’auteur des Bienveillantes, roman que l’auteur de SAS aurait été bien en peine d’écrire car il se situe dans une qualité littéraire, une morale et une psychologie étrangères à l’univers de SAS et de son auteur ? Je ne citerai pas ce triste mot, pas plus que celui que j’aurais pu faire en retour, je n’ai aucun plaisir à vider les sentines de la presse écrite.
Le monde est petit en effet et on voit par là que les nouveaux bien-pensants ne verront pas la fin du monde.
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