Une bien triste chronique en ce début du mois d’août. Je viens de tomber des nues ainsi que sur un billet d’humeur qui aurait été publié par Jean d’Ormesson en décembre 2012[1].
Il est étrange d’avoir pitié des gens que l’on admire. J’ai aimé Jean d’Ormesson pour son style, sa langue et son esprit. Sans avoir tout lu de ce qu’il a écrit et sans avoir tout entendu de ce qu’il a dit. Sans être toujours d’accord avec ses chroniques, il était de ces gens de l’autre camp que l’on respecte car ils nous obligent à donner le meilleur de nous-mêmes.
Hélas, nous le voyons maintenant réduit à faire le buzz pour des blogs de droite à court d’idées et de valeurs. Ces blogs se passent et se repassent la soupe ormessonnienne depuis plus de six mois. Tel un vieux cabotin réduit à faire des animations dans les supermarchés, il étale ainsi les troubles de son humeur.
Son beau regard bleu a gardé toute sa clarté mais son esprit pétillant est devenu spumeux. Le voilà réduit à citer… Margaret Thatcher. Le voilà qui fait de ces billets-chaussettes en forme de pps que l’on voit circuler dans les poubelles du net. Billets-chaussettes car on peut les retourner dès que le vent et l’électorat ont tourné : tel qui brocardait Sarkozy hier fustige Hollande aujourd’hui.
Bien sûr Monsieur d’Ormesson, vous avanciez dans la vie le front levé, comblé par la fortune et les biens et vous faites bien peu de cas de ceux qui ont courbé le dos sous le travail. Pour vous, ceux qui produisent, ce sont bien souvent des bétonneurs, des pollueurs ou des empoisonneurs. Ceux qui travaillent de leurs mains ne produiraient-ils donc rien, celles qui font les travaux les plus humbles seraient donc improductives ?
Quant à ceux qui ramassent au passage leur dîme sans se souiller les mains, seraient-ils les seuls à avoir votre considération ?
Bien sûr, Monsieur d’Ormesson, vous avancez dans votre existence avec une espérance de vie alors que nous ne comptons que sur une probabilité de survie. Nous ne sommes pas égaux dans la vie et le serons encore moins dans la mort. Mais s’il faut se perdre pour perdurer, à quoi bon ?
Et, arrivé au bout, que direz-vous si les Mauriac, Bernanos, Barrès et Châteaubriant vous demandent : « Qu’as-tu fait de ton talent, Jean ? ». Oserez-vous leur répondre, baissant pour une fois le front : « J’ai fait le buzz… ».
Mon dernier cauchemar aura donc été pour vous, Monsieur Jean car je ne peux croire que vous acceptiez de tremper votre plume dans de tels effluents.
[1]
Pour lire le billet en question, tapez « inaptocratie d’Ormesson »
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