Chronique du temps exigu (25)
Un certain monsieur A. souhaite obtenir la nationalité
belge. Cela a suscité nombre de commentaires dans la presse et moult
commentateurs ont parlé d’exil fiscal. Certains se sont même demandé si on
pouvait le décrire comme un réfugié économique à l’instar de ces clandestins
qui tentent de rejoindre l’ile de Lampedusa.
Qu’est-ce qu’un exilé ? C’est quelqu’un qui est ou qui se
sent banni de sa patrie et qui la quitte sans espoir d’y revenir tant qu’il y
sera persona non grata. Les exilés « fiscaux » dont on nous parle
sont tout sauf des exilés. Ils font des affaires florissantes en France et
exilent leurs revenus dans des lieux favorables. Ils sont peut-être des délocalisés
fiscaux mais nullement exilés. Ovide, Victor Hugo, Dostoïevski, Zola ont dû
supporter l’exil et ils se seraient sans aucun doute étonnés de se voir
catégorisés avec ces sportifs, artistes et autres culs dorés qui font ruisseler
leur or au soleil des paradis de la fiscalité. Monsieur A. ne sera pas
plus un déporté, il vivra dans des camps autrement fastueux que ceux qui sont
habituellement attribués aux déportés. Un réfugié économique peut-être ?
Je dirais plutôt un transfuge financier.
Allons, nous le savons bien, le grand capital a toujours été
cosmopolite et ceux qui le détiennent ont l’argent pour eux, un véritable
passeport international. Ils sont plus souvent en haut des orgueilleuses tours
des capitales financières, dans leurs avions ou sur leurs yachts que les pieds
sur terre et ils vont là où leurs profits les portent. Les pleurerons-nous ?
Qu’ils aillent au diable dans leurs paradis fiscaux…
Nous sommes nous, ici et maintenant, essayant de participer de
la vérité, sinon de la beauté du monde, mais aussi attentifs à sa misère. S’il
y en a qui s’essuient les pieds dessus, qu’ils aillent les essuyer ailleurs mais… les
belges en voudront-ils ?
Le leader de la production de haut de gamme française
n’est pas l’homme qui amène le bonheur en France mais uniquement le luxe. Ils sont
bien médiocres ceux qui, croyant faire mieux en font toujours trop. Au
revoir, petit monsieur.
On voit par là que les cupides pourraient nous
donner envie de payer des impôts.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire