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dimanche 11 novembre 2012



Chronique du temps exigu (33)
Ne pouvant soulager mes maux dans les brumes septentrionales, j’ai consulté le bon docteur V. (ce dernier tient à rester anonyme) qui soigne par les plantes. En effet, il soigne les malades par les plantes des pieds ; c'est-à-dire qu’il introduit dans les chaussettes du patient un fin broyat dynamisé selon une méthode analogue à celle du Dr Hahnemann, inventeur de l’homéopathie.
 Le traitement qui m’a été administré par le bon docteur V. fut un traitement expérimental. En effet, le traitement de la mogigraphie n’avait jamais été tenté par cette méthode, cela pour la bonne raison que le bon docteur V. est diplômé de l’Ecole vétérinaire et que l’on connaît fort peu d’animaux souffrant de mogigraphie. Mais je dirais que l’essai fut concluant puisque vous pouvez me lire sur vos écrans. Le bon docteur a donc garni l’intérieur de mes chaussettes avec de la plume d’oie en poudre mélangée à de la seiche broyée. Le postulat de départ étant que « similia similibus curentur », il fallait traiter le mal de l’écriture par ce qui permet l’écriture. Or, si l’écriture a beaucoup évolué depuis le stylobille jusqu’à l’imprimante multifonctions, il n’en reste pas moins qu’elle s’est longtemps pratiquée avec une plume d’oie finement taillée. Un traitement à la plume d’oie ne peut qu’affiner et rendre plus légère une écriture parfois un peu lourde par exemple. Pour ce qui est du broyat de seiche, nous n’ignorons pas que cet animal, joliment appelé chipiron par les basques, est l’inventeur de l’encre. (Nietzsche lui-même avait déclaré avoir écrit un livre « noir comme la sépia de la seiche ») Plume et encre, quoi de plus revigorant pour le chroniqueur atteint de mogigraphie chronique !
Donc, suite à une seule application de douze heures dans des chaussettes de qualité, je me suis vu reprendre mon activité écrivante sans douleur ni difficulté. A la fin de la journée, j’ai retiré un mulching honorable du fond de mes chaussettes et je l’ai ajouté sur mon tas de compost. Certains pourraient penser que cela peut se fumer mais j’ai abandonné la pratique du tabac depuis quelque temps et plutôt que de pétuner, je préfère maintenant fumer mon potager.
Cela dit, je m’en tiens à l’écriture au clavier mais je ne dédaignerais pas de tenter l’écriture à la plume d’oie. J’attendrai le retour des oies sauvages pour ne pas déplumer les gardiennes du Capitole et la migration des chipirons hors du port de Ciboure pour ne pas dégarnir la carte des restaurants locaux
On voit par là qu’être un plumitif n’est pas tout, encore faut-il que l’encre sèche.

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