En vedette !

dimanche 4 novembre 2012



Chronique du temps exigu (32)
Il n’y a pas que la ponctuation qui souffre, il y a aussi les tortures infligées aux mots ; en effet, il suffit d’écouter les présentateurs de radio ou de télévision pour le constater. Je prendrai pour premier exemple le mot périple qui, au départ et par étymologie, signifie circumnavigation et qui est couramment utilisé pour parler de voyages terrestres. Même d’éminents lexicologues tolèrent cette acception, il faut bien vendre du dictionnaire que diable !
Le mot « télévision » est déjà un barbarisme puisque composé d’une tête grecque et d’une queue latine et ceci prouve que ce média était condamné dès le départ mais je m’en voudrais de fustiger les seuls audiovisuels alors que les scribouillards ne sont pas en reste envers leurs collègues babillards. La presse de province, en particulier dans ses pages sportives, est une mine d’utilisations abusives de notre malheureux lexique.
Emile Littré, éminent lexicologue, aimait les mots, bien sûr, mais également les amours ancillaires. Un jour, sa femme le trouva couché avec une domestique : « Ah, Émile, je suis surprise! » dit l'épouse trompée. « Non, madame, rectifia ce spécialiste des nuances du vocabulaire; vous, vous êtes étonnée et c'est moi qui suis surpris... ».
Je vous propose donc un mot en ce jour de repos et ce mot est : mogigraphie. Je n’ai pas dit : mogilialisme, non car cela est bien différent. Je ne vais pas proposer une pinte de bière tiède au premier ou à la première qui aura trouvé la signification de ce mot car il n’est pas simple de faire parvenir ce genre de lot par la poste. Donc, la mogigraphie est la crampe de l’écrivain et vous aurez compris que c’est ce qui m’inquiète, surtout lorsque ce genre de crampe atteint le cerveau. Etre trahi par son poignet est une chose, avoir sa pensée au bord du claquage en est une autre. Quant au mogilialisme, c’est une manière élégante de nommer le bégaiement et cela n’a donc rien à voir avec la tenue du porte-plume.
Nous verrons dans les semaines qui viennent si j’arrive à surmonter cette mogigraphie et si nous pouvons trouver d’autres mots à sauver de la torture.
On voit par là qu’il faut du poignet pour sauver les mots.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire