Chroniques judicieuses, malicieuses et facétieuses, le dimanche matin. Un feuilleton "Appelez-moi Fortunio" le jeudi matin. Et en prime, de la réclame pour les œuvres étonnantes de Pierre Jooris, en vente dans les meilleures librairies.
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dimanche 7 juillet 2013
Chronique du temps exigu (63)
Vae victis. Malheur aux vaincus avait déclaré Brennus en 390 ACN…
Mais aujourd’hui, il n’y a plus vainqueurs ni vaincus, il n’y a plus que des victimes. Il n’est plus nécessaire de se battre pour vaincre, il suffit de savoir se faire plaindre.
Ainsi tel ancien président qui claquerait la porte d’une institution seulement parce que celle-ci reconnaitrait qu’il a gaspillé l’argent de ses partisans et qu’il envisagerait de gaspiller celui de l’État. Cette issue défavorable ne pourrait certes pas étonner un homme qui ferait profession d’avocat et qui aurait voulu légiférer tant et plus sous son mandat. Mais ce dernier saurait fort bien aussi que l’on peut faire commerce de sa propre disgrâce. En effet, il ne manque pas dans notre pays de sots et de benêts capables de penser que la justice s’acharne sur un seul homme.
Néanmoins, il faut savoir que si un juge, un procureur ou un policier voulait s’acharner sur quelqu’un, il choisirait plutôt un pauvre hère qu’un puissant et riche ex-président et toujours avocat. Il ne faut pas rêver… Si vous avez eu l’occasion de voir, comme cela m’a été donné, quelque procès ordinaires, avec des juges pressés d’en finir, des substitutes qui se prennent pour des walkyries et des policiers aux témoignages douteux, vous savez que la justice qui est faite aux pauvres est parfois
une pauvre justice. Elle ne fait pas la une des journaux, à peine quelques entrefilets en pages locales.
Donc, si vous avez le cœur plein d’astuce, vous pouvez tirer d’un maléfice effroyable des bénéfices secondaires confortables : en électeurs, en bienfaiteurs et en flagorneurs. Quoi de plus émouvant qu’un petit homme écrasé sous la botte des juges ? Quoi de plus émouvant qu’un petit homme qui a péché et qui ne se repent point ? Quoi de plus émouvant qu’un petit homme qui a gaspillé l’argent des autres et qui veut avoir le droit d’en gaspiller plus encore ? Quoi de plus émouvant que les clampins qui s’apitoient sur son sort ?
Mais de nos jours, la victoire est à ce prix : il faut devenir une victime, feindre de boire la coupe jusqu’à la lie, savoir se faire plaindre et émouvoir les âmes sensibles.
On voit par là qu’à feindre sans baril, on triomphe sans boire.
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