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dimanche 14 juillet 2013

Chronique du temps exigu (68)




Vous aurez certainement remarqué que nous sommes brutalement passés du numéro 63 au numéro 68. Non parce que j’aurais une affection particulière pour ce chiffre mais parce que, étant plus homme de lettres comme de chiffres – pardon : qu’homme de chiffres -, je me suis quelque peu mélangé les pinceaux précédemment. J’ai donc mis de l’ordre dans mes numéros. Puis, je suis parti au bout du monde.
Comment aller au bout du monde ? Rappelons ce que disait ma buraliste :
-         Vous habitez à Tarpignac ? Mais c’est au bout du monde !
-         Mais non, madame Sara, répondais-je, peut-être est-ce au milieu de nulle part mais où peut donc être nulle part si on est entouré de toutes parts ?
-         Certes, répondait-elle, cela fait un euro vingt. Mais convenez tout de même que c’est un trou !
-         Convenons si vous le voulez, mais qu’appelez-vous donc un trou ?
-         Par exemple, un trou, c’est au bout du monde. Vous avez déjà imaginé un trou plein ? Donc, au bout du monde, s’il n’y a plus rien, c’est un trou !
Ainsi parlait Sara Toussetra .Et constatons que son raisonnement  frappé au coin du bon sens ne l’empêche pas de rester lucide sur le prix du Canard du mercredi. Néanmoins –et toutefois de surcroït-, comment aller au bout du monde lorsque l’on jouit d’un budget modeste quoique suffisant ? La première question qu’il est nécessaire de se poser est la suivante : où suis-je ? Oui, je ne le répèterai jamais assez, où sommes-nous ? Sommes nous à l’autre bout du monde –auquel cas nous serions en quelque sorte au bout du monde- ou sommes-nous au centre du monde ? Ou sur quelque autre lieu du monde ? Et, question encore plus térébrante : peut-on réellement faire le tour du monde ? Car si l’on peut faire le tour du monde, comment savoir où trouver le bout du monde ? Même un serpent se mordant la queue y perdrait son latin : sic transit gloria mundi !
Laissons de côté les petits malins qui s’imaginent trouver un trou à Bâle et laissons Bécassine aller voir s’il n’y a plus rien à Plurien. Concentrons-nous sur le bout du monde : pour aller au bout de quelque chose, ne suffit-il pas de suivre la chose jusqu’au bout ? Il suffirait donc de marcher droit devant soi jusqu’au bout. Oui mais dans ce cas, ne risque-t-on pas de faire le tour du monde sans en voir le bout ?
Une seule solution donc : se retourner d’un coup sec pour surprendre tout le monde, d’un bout à l’autre. Car s’il y a un bout du monde, il y en a peut-être un deuxième, de l’autre côté du monde. Et c’est bien de là que je vous envoie cette chronique dont je commence à voir le bout.
On voit par là que la prochaine fois nous irons probablement au fond des choses.

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