Vous aurez certainement remarqué que nous sommes brutalement passés du numéro 63 au numéro 68. Non parce que j’aurais une affection particulière pour ce chiffre mais parce que, étant plus homme de lettres comme de chiffres – pardon : qu’homme de chiffres -, je me suis quelque peu mélangé les pinceaux précédemment. J’ai donc mis de l’ordre dans mes numéros. Puis, je suis parti au bout du monde.
Comment aller au bout du monde ? Rappelons ce que disait ma buraliste :
-
Vous habitez à Tarpignac ?
Mais c’est au bout du monde !
-
Mais non, madame Sara,
répondais-je, peut-être est-ce au milieu de nulle part mais où peut donc être
nulle part si on est entouré de toutes parts ?
-
Certes, répondait-elle, cela fait
un euro vingt. Mais convenez tout de même que c’est un trou !
-
Convenons si vous le voulez, mais
qu’appelez-vous donc un trou ?
-
Par exemple, un trou, c’est au
bout du monde. Vous avez déjà imaginé un trou plein ? Donc, au bout du
monde, s’il n’y a plus rien, c’est un trou !
Ainsi parlait Sara Toussetra .Et constatons que son raisonnement frappé au coin du bon sens ne l’empêche pas
de rester lucide sur le prix du Canard du mercredi. Néanmoins –et toutefois de
surcroït-, comment aller au bout du monde lorsque l’on jouit d’un budget
modeste quoique suffisant ? La première question qu’il est nécessaire de
se poser est la suivante : où suis-je ? Oui, je ne le répèterai
jamais assez, où sommes-nous ? Sommes nous à l’autre bout du monde –auquel
cas nous serions en quelque sorte au bout du monde- ou sommes-nous au centre du
monde ? Ou sur quelque autre lieu du monde ? Et, question encore plus
térébrante : peut-on réellement faire le tour du monde ? Car si l’on
peut faire le tour du monde, comment savoir où trouver le bout du monde ?
Même un serpent se mordant la queue y perdrait son latin : sic transit
gloria mundi !Laissons de côté les petits malins qui s’imaginent trouver un trou à Bâle et laissons Bécassine aller voir s’il n’y a plus rien à Plurien. Concentrons-nous sur le bout du monde : pour aller au bout de quelque chose, ne suffit-il pas de suivre la chose jusqu’au bout ? Il suffirait donc de marcher droit devant soi jusqu’au bout. Oui mais dans ce cas, ne risque-t-on pas de faire le tour du monde sans en voir le bout ?
Une seule solution donc : se retourner d’un coup sec pour surprendre tout le monde, d’un bout à l’autre. Car s’il y a un bout du monde, il y en a peut-être un deuxième, de l’autre côté du monde. Et c’est bien de là que je vous envoie cette chronique dont je commence à voir le bout.
On voit par là que la prochaine fois nous irons probablement au fond des choses.
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