Comble de malchance pour ce pédégé, de sournois syndicalistes ont dénoncé ce personnage au moment où il pensait pouvoir passer la porte de l’entreprise nanti de son pactole couvre-chef. Il a donc déclaré qu’il acceptait de manger son chapeau et de sortir tête nue de l’entreprise. Gageons que les gestionnaires en place sauront l’aider à trouver les moyens de récupérer d’une main ce qu’il a repoussé de l’autre. Il ne manque pas d’artifices comptables permettant aux nantis de se promener les mains vides mais les poches pleines. A quoi bon avoir une comptabilité, si ce n’est pour qu’elle soit en partie double ?
Assez parlé des riches, parlons des autres. Quels autres ? Eh bien, ceux qui n’ont pas de chapeau, ceux qui partent avec une retraite slip, autrement appelée minimum vieillesse. En effet si les grossiums ont chaud à la tête, les minimums ont tendance à avoir froid aux fesses et le malheureux sous-vêtement qui leur est accordé par les caisses de retraite ne l’est pas dans un souci de protection ou de confort mais seulement de décence. Pour ne pas choquer les yeux de ceux qui ont tout, il faut cacher le cul de ceux qui ont peu. N’y a-t-il point de syndicalistes pour dénoncer cet état de fesses ? Car tout de même, si les pauvres montraient plus souvent leur cul, les riches en tomberaient sur le leur et cela ne serait pas rien.
Alors, tâchons de faire quelque chose pour les retraités modestes. L’autre jour, en remontant les Champs-Elysées en tandem avec l’amiral, je me suis surpris à faire du lèche-vitrine devant chez Zina, chapelier-fabricant bien connu. Il y avait des chapeaux de toutes sortes : des claques, des melons, des mous, des casquettes, des canotiers, des panamas, des képis, des calottes, des tricornes, des bicornes et autres sombreros. Mais mon attention fut attirée par un couvre-chef à la portée de toutes les bourses, une coiffure modeste, loin des orgueilleux couvre-chefs, bien nommés en cela. Non, cette coiffe discrète, quoique de bon goût, c’est le béret. Bon sang, mais c’est bien sûr, comment n’y avoir pas pensé plus tôt ? Le béret ne peut-il être le galurin du retraité modeste ? Il quitterait son entreprise nanti d’une retraite-béret, à chacun son couronnement ! Et c’est là que mon compère maritime intervint en faisant une proposition renversante : un vestiaire pourrait être installé à la frontière franco-helvétique, côté suisse bien sûr, et les retraités modestes seraient autorisés à s’en servir de temps à autre pour y mettre leur béret. Cela leur permettrait de dire qu’ils ont déposé leur retraite en Suisse. Cela serait valorisant pour eux et dans le vent.
On voit par là qu’il n’y aura pas de retraite sans Béret Zina.
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