L’électeur médiocre est d’une race particulière. Il élit tous les cinq ans un nouveau président et un nouveau parlement puis pendant cinq ans une moitié de ces électeurs regrette son choix et l’autre moitié abreuve de quolibets venimeux la moitié précédente. Puis, au bout des cinq fatidiques années, cela repart dans l’autre sens. Et maintenant avec le système internet, des pps et autres gugusseries circulent, recyclables à l’infini. Ce genre de fonctionnement permet à l’électeur de se dédouaner de son ignorance, de sa résignation et de sa médiocrité. Ainsi pendant cinq ans, la gauche médiocre rouspète contre les subventions données aux
L’électeur médiocre s’occupe donc comme il peut mais n’a pas de temps à perdre car il ne manque pas de passionnantes émissions de télévision pour lui permettre de cultiver son intelligence chafouine. Et, pour ce qu’il en est de la pensée politique, autant laisser cela aux professionnels de la pensée. En effet, il existe des gens dont le métier est de penser pour les autres. On pourrait appeler cela l’ingénierie de la production d’idée. Evidemment, pour ces professionnels, il n’est pas forcément question de produire des idées neuves, on sait bien que si c’est neuf c’est plus cher, comme l’était Grouchy pour Napoléon. Ce qui compte, c’est de recycler des idées anciennes en les habillant de neuf. « Sur des pensers nouveaux, faisons des vers antiques », avait proposé André Chénier mais cela lui a fait perdre la tête et il n’est bien sûr pas question que nos spécialistes du Politneurone abandonnent quelque partie de leur corps, serait-ce même pour la patrie ! Donc ils se contentent de faire du neuf avec du vieux, de la pensée de droite avec des citations de gauche et une politique de gauche avec des arrière-pensées de droite. Et c’est bien là que l’électeur moyen s’y retrouve : il avale de la pensée politique comme ces hamburgers de fast-food, un pain mou coupé en deux et, alternativement, du jambon de droite, du fromage de gauche, de la salade centriste, de la sauce extrémiste et une pincée de développement durable. Le sandwiche peut être servi à toute heure et à tout électeur. Toutefois, c’est un aliment qui est plus simple à regarder qu’à manger car c’est toujours la sauce qui vous coule sur les doigts et, après usage, vous avez à la fois les mains sales et la nausée...
Lorsque ces professionnels se regroupent, ils appellent cela un think tank et rien que ce mot permet de comprendre que l’on n’est guère loin d’un fast-think, à savoir un prêt-à-penser utilisable ici, maintenant, ailleurs et autre part. Si cela n’apporte rien intellectuellement à personne, cela n’est pas grave car on aura au moins payé des penseurs à penser.
On voit par-là que la pensée inutilisée crée néanmoins de l’emploi.
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