Le tribunal de T. vient de condamner une dame pour avoir abusé de la faiblesse de son compagnon en fin de vie. En effet, celui-ci avait mis, tardivement, au nom de cette dame une assurance-vie afin de laisser quelque chose à cette personne qui lui avait prodigué son affection et ses soins jusqu’à ses derniers moments. Toutefois, après le décès, les enfants du monsieur ne l’entendirent pas de cette oreille et obtinrent de la justice la condamnation de la dame et le retour des fonds dans leur héritage. Je passe sur les détails car ce qui est le plus frappant dans cette condamnation, c’est qu’elle est basée sur une expertise psychologique du défunt réalisée, suivant les termes employés par le journaliste, a posteriori.
Premier point à éclaircir : une expertise a posteriori n’est pas une expertise réalisée par les voies intestines, comme certains pourraient le croire. Expertise n’est pas sondage. Ce n’est pas non plus une expertise qui serait rendue par les voies postérieures, on imagine mal un expert baissant ses braies devant un tribunal même si, quelque fois certaines expertises semblent légèrement flatulentes. Expertise n’est pas anal-yse. Non, suivant l’expression a posteriori il faut comprendre que l’expertise a été réalisée postérieurement aux faits.
Deuxième point à éclaircir : un expert n’a jamais d'a priori, un expert est toujours neutre, impartial et compétent, un expert dit le vrai là où un pékin ordinaire prêchera le faux. L’expert sait là où le vulgum pecus se satisfait de croire.
Cela dit, revenons à notre expertise psychologique réalisée a posteriori. En tant que simple citoyen, électeur de base et adepte de la marche à pied, on peut donc comprendre qu’elle a été réalisée post mortem et c’est bien cela qui est admirable ! Hélas, le journal ne dit pas comment ont été obtenues les données, il ne dévoile pas les arcanes du travail scientifique de notre expert et on ne peut que se perdre en conjectures. Les haruspices romains interrogeaient bien les entrailles des volailles, d’autres comme Orphée descendent aux enfers pour y retrouver les morts et certains font tourner les tables afin de les faire parler. Gageons néanmoins qu’un expert auprès des tribunaux dispose de moyens plus puissants encore pour définir la psychologie d’une personne décédée. Les experts en psychologie sont déjà infaillibles quand ils travaillent sur des personnes en vie et, on n’arrête pas le progrès, ils deviennent catégoriques pour les défunts. Cela n’est-il pas admirable ? Car une telle expertise est de plus incontestable, qui en effet oserait demander à un mort de se contredire ?
On voit par là que, comme le dirait Pasteur à Vialatte, le progrès fait rage.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire