« Philosopher, c’est apprendre à mourir » écrivait Montaigne. A son époque, c’était autre chose de philosopher que cela ne l’est aujourd’hui. De nos jours, les philosophes sont pour la plupart fonctionnaires et il s’en trouve même un qui vient d’être élu à l’Académie Française, en remplacement de Félicien Marceau. Ce fauteuil sentait quelque peu le soufre, qui mieux qu’un philosophe pourrait lui redonner un parfum de sagesse ?
Si hier encore philosopher était apprendre à mourir, il semble que notre moderne philosophe ne voie plus la chose ainsi puisqu’il a postulé pour entrer au nombre des immortels et pour lui la logique est maintenant d’apprendre à ne plus mourir ! Pour ce qui est d’y arriver, il est à craindre que le résultat soit fort douteux. Et le port de l’habit vert pourrait n’être qu’un entraînement à se faire ronger des vers.
Ah ! Il est loin le temps où Socrate buvait stoïquement la ciguë, Sénèque s’ouvrait les veines et Empédocle[1] se jetait dans la lave bouillante de l’Etna. Et même celui où Sartre prêchait perché sur un fût de lubrifiant. Aujourd’hui, le philosophe est prébendé par l’Etat, sa retraite est garantie par la Fonction Publique et les ors des palais de la République éclairent sa pensée triomphante. L’Audiovisuel Public n’est pas le moindre de ses fleurons. Diogène, sa lanterne et son tonneau peuvent bien aller se rhabiller, ce n’est pas notre brillant penseur qui intimerait à Poutine l’ordre de s’ôter de son soleil. La modernité donne à nos plus beaux esprits une épée d’académicien pour défendre la langue, la morale et la bienséance de l’identité française.
On voit par là que la modernité est grande et que ses prophètes siègent sous la Coupole.
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