Auditrices
et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. Il y aurait bien des choses à dire sur la
situation actuelle mais, pour ne pas ajouter à la cacophonie ambiante, je vous
parlerai une fois encore d’un livre, un beau livre intitulé « Pigeonniers
de France », édité en 1991 chez Privat à Toulouse et dont l’auteur est
Dominique Letellier qui fut architecte des bâtiments de France et notamment
chef du service départemental de l’architecture en Haute-Garonne. Il peut
paraître étrange que je mette en valeur ce que l’on appelle de façon simpliste
un ABF mais le maçon que je fus se doit de ne pas jeter le bébé avec l’eau du
bain même s’il a parfois eu maille à partir avec certains de ces ABF.
Ce
livre est largement illustré de belles photographies et nombreux sont celles et
ceux qui reconnaîtront des petits bâtiments qu’ils ont déjà vus et admirés dans
notre région car il fait la part belle au bâti en Midi-Pyrénées, région riche
en pigeonniers. Ceux-ci rivalisent d’originalité et sont pour beaucoup de
vraies créations artistiques tout en respectant les nécessités fonctionnelles
de l’élevage du pigeon. Pendant la révolution, beaucoup d’édifices de caractère
ont été rasés, ou vandalisés. Toutefois les pigeonniers ont été respectés, même
s’ils étaient quelquefois un attribut des seigneurs, et ce principalement pour
épargner un instrument de travail.
La
première partie du livre aborde l’histoire économique et sociale. D’une part,
l’élevage des pigeons dans notre région était d’un rapport intéressant et,
d’autre part, l’esthétique particulière montrait l’importance et le goût du
propriétaire. En outre, chaque pigeonnier est le reflet du sol dont il est
issu, que ce soit la pierre, la brique, le bois, le torchis…L’auteur évoque
rapidement les pigeonniers mobiles, l’usage militaire du pigeon voyageur et la
colombophilie.
La
deuxième partie a pour sujet la typologie régionale et architecturale. On
visite ainsi l’Artois, la Normandie, le Tarn, le sud-ouest de l’Aveyron et
Midi-Pyrénées. Et il cite, en les expliquant, les différents styles de
pigeonniers, la gariotte, la tourelle et le balet, le porche et le grenier, la
tour, le pied-de-mulet et les pigeonniers sur pieds et arcades. Ensuite, il
passe en revue les épis de faîtage dont le but n’était pas seulement de relever
l’esthétique de l’ouvrage mais aussi de donner un point de repère aux pigeons.
Ensuite,
il nous fait un éventail des lieux et œuvres les plus typiques du Quercy car
c’est une région qui possède un grand nombre de pigeonniers qui, pour la
plupart ont été conservés et restaurés. Ji dirai entre parenthèses que je si
maintenant on n’a plus le droit, en théorie, de démolir un de ces bâtiments, il
est encore au moins un paysan – pardon, un exploitant agricole, s’il vous plaît
– qui, s’étant vu refuser sa demande de démolition au prétexte que son pigeonnier
était dans son champ, s’est permis de l’arroser au canon d’irrigation pendant
un nombre d’heures suffisant pour qu’il s’écroule. Il n’y a pas qu’en Béotie
qu’il y a des béotiens…
En
quatrième partie, l’architecte donne des conseils de restauration, tant pour la
pierre, la terre crue, la brique, les joints, les charpentes et les divers
types de couvertures. Puis, à la fin, il donne un glossaire et c’est un délice
de retrouver ou d’apprendre tant de termes du jargon des artisans. J’en citerai
un : la randière qui désigne
cette rangée de tuiles vernissées en façade pour empêcher les rongeurs de
monter dans le pigeonnier, ornementale autant qu’indispensable.
Ce
livre m’a enchanté, je l’avais acheté sur les conseils d’un vrai libraire,
celui que, sous les cornières d’Agen on appelait Quesseveur, un homme de goût,
lui ! Une prochaine fois, je vous décrirai l’un ou l’autre de ces si
gracieux pigeonniers.
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