Chroniques judicieuses, malicieuses et facétieuses, le dimanche matin. Un feuilleton "Appelez-moi Fortunio" le jeudi matin. Et en prime, de la réclame pour les œuvres étonnantes de Pierre Jooris, en vente dans les meilleures librairies.
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dimanche 23 décembre 2012
Chronique du temps exigu (38)
Cette chronique ne sera peut-être lue que par ceux qui, attentifs au calendrier des Mayas et soucieux de se préserver, auront survécu à la fin du monde annoncée en se réfugiant à Bugarach. Je suppose que des personnes aussi avisées auront pris la précaution de se munir de systèmes 4G ou autres pour lire ma chronique d’outre-fin du monde.
En 1956, une équipe de chercheurs en psychologie sociale a infiltré une secte qui avait annoncé la fin du monde. Celle-ci n’a pas eu lieu comme vous pouvez le supposer et il ressort de ce que ces chercheurs ont pu observer que les individus de la secte ont « rationalisé » ce qui aurait pu apparaître comme un échec en une glorieuse victoire en déclarant : «C’est grâce à notre croyance, notre sacrifice, que le déluge n’a pas eu lieu. Nous sommes des élus, nous sommes légitimés.»
Voilà donc une manière fort élégante de s’en sortir et cela fait penser à cette parole de Cocteau : « Puisque ces mystères me dépassent, feignons d’en être l’organisateur ».
Parlons d’une autre secte, peut-être la plus puissante de toutes, la secte des économistes patentés. Ces derniers nous prédisent des crises, des impasses, des cataclysmes financiers. Leur grande subtilité est de ne prévoir ni la fin du monde ni celle du capitalisme mais seulement la fin d’un soi-disant âge d’or et la venue d’une ère d’austérité et de pénitence. Ils en profitent pour faire avaler d’amères potions au petit peuple et pour accorder des privilèges supplémentaires à ceux qui en ont déjà largement. Et cela fait, ils nous disent bien que c’est grâce à leurs incantations boursicotières, financières et gestionnaires que le cataclysme n’est pas intervenu. Et ils continuent de pontifier, le cul sur un coussin d’actions. Et à faire la morale aux plus bas revenus, responsables de tous les maux de la planète financière.
On voit par là que, si la fin du monde ne se produit pas, il y aura du pain sur la planche.
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