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dimanche 9 décembre 2012



Chronique du temps exigu (36)
Il paraît que toute vérité n’est pas bonne à dire. Soit. Mais alors, tout mensonge n’est pas bon à taire, en déduirais-je en quelque sorte ab absurdo (et non pas ad absurdum comme certains pourraient prétendre…). S’il vaut donc mieux parfois taire la vérité et proclamer le mensonge, qui est le mieux placé pour le faire ? Est-ce le politicien, si connu pour son goût immodéré des vérités inverses réciproquement fausses ? Le journaliste si pressé de délivrer un message quel qu’il soit sans prendre le temps démêler le vrai du faux ? Le ministre du culte, besogneux ravaudeur de révélations ? Le philosophe que Nietzsche admonestait en ces termes : »Mourir de soif en pleine mer est atroce. Pourquoi mettre tant de sel dans votre vérité qu’elle ne soit même plus bonne à boire ? » ?
Vous avez judicieusement compris où je voulais en venir : bon sang, mais c’est bien sûr, rappelez-vous. Qui a dit : « L’histoire que je vais raconter est authentique. Elle a eu lieu au siècle passé, il y a plus de dix ans, quinze ans peut-être. Pour préserver l’anonymat de chacun des protagonistes, ceux-ci étant encore tous bien en vie, les noms des personnages et les noms de lieux ont été changés. De même, les circonstances et les faits ont été modifiés. L’authenticité du narrateur étant indiscutable, cette histoire sera un peu comme une voiture dont le propriétaire aurait changé le moteur, puis la boite de vitesse et aurait ensuite changé la carrosserie : le véhicule est différent, mais la réalité du véhicule est authentifiée par son propriétaire. Il en va de même pour nombre d’œuvres d’art exposées dans nos musées : restaurées et re-restaurées au cours des siècles, elles persistent dans leur vérité. » ?

Qui dit le mieux le faux pour montrer le vrai, sinon le romancier ? Surtout s’il est quelque peu facétieux.
Qui pare si bien le mensonge des plumes ocellées du paon qu’il en devient vérité vraie et pure ?
Et, finalement, qui ment si bien et si joliment que tous les autres devraient être condamnés à ne plus user que de fades et tristes vérités ?

On voit par là que ce n’est pas tout de mentir, encore faut-il savoir le faire en vérité.

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