Chroniques judicieuses, malicieuses et facétieuses, le dimanche matin. Un feuilleton "Appelez-moi Fortunio" le jeudi matin. Et en prime, de la réclame pour les œuvres étonnantes de Pierre Jooris, en vente dans les meilleures librairies.
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dimanche 19 mai 2013
Il n’y a plus de saisons…
Ainsi parlait la buraliste, madame Sara Toussetra, à une dame dont le caniche trempé de pluie venait de s’ébrouer à côté du présentoir à journaux, constellant de gouttelettes les unes de notre admirable presse régionale.
En entendant cela, je me sentis reporté plus de cinquante années en arrière lorsque, petit garçon, j’accompagnais ma grand-mère à la boulangerie. J’entendis cette remarque météorologique pour la première fois de ma vie alors que la boulangère emballait un splendide vaution verviétois. Cette sentence m’avait surpris alors que j’avais appris à l’école que, précisément, l’année se détaillait non seulement en douze mois exactement ou en cinquante-deux semaines à la louche et trois-cent-soixante-cinq jours environ. Et que tout cela se découpait, ainsi que ce merveilleux vaution, en quatre saisons que l’on pensait immortalisées par Antonio Vivaldi.
Et voilà que ce bel édifice, naissant au printemps, culminant en été, déclinant à l’automne et assoupi pendant l’hiver se trouvait d’un seul coup rayé de la carte. Voilà qu’au printemps ni ton cœur ni mon cœur ne seront plus repeints au vin blanc, les amants n’iront plus prier Notre-Dame du bon temps. Voilà qu’il n’y aura plus d’été à Saint-Germain-des-Prés, ce ne sera plus moi, ce ne sera plus toi, il n’y aura plus d’autrefois. Voilà que les sanglots longs des violons de l’automne ne blesseront plus mon cœur d’une langueur monotone, je ne m’en irai plus au vent mauvais qui m’emporte, de çà, de là, pareil à la feuille morte. Voilà que l’hiver, le vent la pluie ne chanteront plus leur mélodie, la brume ou le soleil à mes yeux ne seront plus pareils et mille mandolines ne joueront plus pour ma rêverie… il n’y a plus de saisons et Jacques, Guy, Paul et Pétula ont raccroché leurs crampons au vestiaire.
Alors, s’il n’y a plus de saisons, en janvier j’irai chez le pâtissier, en février je pêcherai la grenouille de bénitier, en mars je ferai des farces, en avril je ne me découvrirai pas d’un fil, en mai… je vous en laisse pour que vous puissiez vous amuser vous aussi.
On voit par là qu’il n’y a pas plus de raisons de s’en faire que de saisons en enfer car après la pluie peut encore venir la pluie.
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