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dimanche 16 juin 2013



Chronique du temps exigu (61)
Les dictionnaristes et les lexicographes ne sont jamais en retard d’un coup de langue lorsqu’il est question de lécher le cul aux puissants de ce monde et aux groupes dominants. Pour preuve, d’aucuns d’entre eux ont cru bon de faire entrer dans les colonnes de leurs ouvrages des mots comme bombasse – geste démagogique – et « triple A », expression appartenant à la classe dominante et financière.
De ce triple A, ou « AAA », que peut –on dire ? Il s’agit d’une espèce de note attribuée par des bureaucrates, des technocrates et des ploutocrates à des nations, à des collectivités locales ou à des entreprises. Cette note est censée représenter la capacité de ces collectivités à rembourser leurs emprunts. Et, comme la plupart des critères financiers, elle est établie par des gens improductifs, sans éthique et irresponsables qui sont les véritables gardes-chiourmes du contrôle social de notre époque.
Et – cela n’est-il pas admirable ? – à peine avais-je écrit ces quelques lignes  que le gouvernement grec fermait manu militari ses chaînes publiques de télévision. Tenaillé par ces agences, houspillé par de vertueux et prévaricateurs dirigeants étrangers et sermonné par les moines gyrovagues du FMI, ce gouvernement  tente par tous moyens de grappiller de l’argent pour assouvir la soif de lucre des banquiers, des financiers et des créanciers en tous genres, fictifs et imaginaires. Cette engeance est comme le charançon sur le blé. Vous aviez un beau gros sac de bon froment qui pesait son quintal et une fois que les experts de la finance, cussous maléfiques, sont passés par là, il vous reste à peine vingt kilos d’une balle poussiéreuse et impropre à tout usage. Ce qu’un labeur assidu a produit en une année peut être détruit en peu de temps par ces feignanciers.
Certes, on pourrait dire que de supprimer les chaînes publiques de télévision ne peut qu’être bénéfique pour la valeur corticale de la population. Mais un malheur n’arrivant jamais seul, la fermeture de notre télévision publique augmenterait d’autant la fréquentation des chaînes privées, parangons de l’insignifiance et du décervèlement.
On voit par là que les usuriers font flèche de tout bois, jusqu’à pervertir le bon usage de la langue.

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