Chronique du temps exigu (59)
Et pour enfoncer le clou, voici un autre extrait de « Dernier tableau »
qui vient de paraître chez TheBook Editions.
« Sara indique sa place à Hervé et ils s’assoient. Le
repas est simple, mais ils discutent longuement et vers dix heures, Hervé parle
de s’en aller.
– L’autre jour, tu semblais
vouloir me suivre chez moi et aujourd’hui que tu es dans la place, tu es bien
pressé de partir ! Soit, dit Sara en se levant.
– Je ne me sens pas pressé mais
il se fait tard et j’ai du chemin à faire…
– C’est bien pour cela qu’il vaut
mieux que tu passes la nuit ici, je ne voudrais pas que tu prennes froid en
courant les rues, répond-elle en souriant.
Il la prend dans ses bras et ils restent longtemps à
s’embrasser, debout à côté de la table.
– Viens, lui dit-elle.
Il la suit dans sa chambre. Elle se déshabille et il en fait
autant. Ils plongent tous deux dans le lit et s’enlacent. Ils se caressent
encore et encore.
A un moment, ils entendent, dans la rue, une voiture qui
fait un demi-tour bruyant. Sara saute du lit et court, nue, vers la fenêtre qui
donne sur la rue.
– C’est Renato, tu ne peux pas
rester là, je t’expliquerai, il est jaloux comme un tigre, ce con !
– Bon, dit Hervé en se levant et
en enfilant son slip, je vais me planquer dans ton atelier pendant que tu vas
lui ouvrir.
– Non, impossible, il a une clé,
il va monter d’un instant à l’autre, il faut que tu sortes par ici, dit-elle en
ouvrant la porte-fenêtre qui donne sur un balcon.
Elle montre à Hervé, toujours en slip, le rebord du balcon,
surmonté d’un grillage en mauvais état. A côté, se trouve le balcon de la
maison voisine. En enjambant le grillage, il y a peut-être moyen d’y poser le
pied et d’y atterrir. Hervé regarde, incrédule.
– Allez, vas-y, tu ne peux pas
rester ici, je vais te lancer tes vêtements, supplie Sara.
– Tu es sûre qu’il arrive ? demande
Hervé, peu motivé.
– Barre-toi, merde, répond Sara
en le poussant vers le rebord.
Hervé monte sur le rebord et enjambe le grillage, bénissant
l’idée qu’il a eue d’enfiler son slip. Il arrive à tendre la jambe et à la
poser sur le rebord du balcon voisin. D’une poussée, il se propulse et y
atterrit. Il est encore accroupi qu’il reçoit sur la tête ses vêtements que
Sara lui a envoyés en ballot. Et il est à peine remis qu’il prend sur le crâne
ses chaussures. Il ramasse le tout et se planque dans l’encoignure que fait la
porte-fenêtre qui donne sur le balcon. Il entend Sara fermer sa porte-fenêtre
et il s’habille en vitesse sans toutefois enfiler ses chaussures. Il tente
doucement d’ouvrir la croisée qui par chance n’est pas verrouillée. Il entre
sur un large palier qui donne sur un escalier. Il entend non loin un ronflement
dans une chambre au même niveau et un peu plus loin une télévision au
rez-de-chaussée. Il descend doucement l’escalier, ses chaussures à la main,
après avoir repoussé la porte-fenêtre. Il entend plus nettement la télévision.
Arrivé en bas, il se trouve face à une porte qui semble bien être la porte
d’entrée. Il marque un temps d’arrêt, tout parait calme. Il appuie sur la
poignée et tire sur la porte qui s’ouvre. Il sort et ferme doucement la porte.
Elle fait un claquement en se fermant et il avance rapidement dans la rue. Il
se cache dans une entrée de garage et se chausse. Il remarque un petit
cabriolet italien de couleur rouge qui n’était pas là quand il est arrivé. Il
jette un coup d’œil vers la fenêtre de Sara. La lumière est allumée. Il repart
vers le boulevard en se disant que ces jeux là ne sont plus de son âge. Il
aurait pu se casser le col du fémur en tombant sur le balcon du voisin. Il
aurait eu l’air malin, il aurait fallu appeler les pompiers. Qui sait si le
Fred, oui Fred Tucaume, n’aurait pas été mis sur le coup, il se serait retrouvé
dans le Courrier d’Emeraude avec sa photo en calbute ! Rien que du bonheur
comme disent les télévisuels. Et ça commence à bien faire, deux fois qu’il
passe à côté du plaisir. La prochaine fois, se promet-il, je la saute et après,
on cause et on mange. Pas question de rejouer les acrobates. Et pour couronner
le tout, il n’a même pas la bio de Leyden qui est restée sur la table basse. Et
voilà qu’une pluie fine se met à tomber.
Ce soir il pleut sur Knokke-le-Zoute
Ce soir comme tous les soirs
Je me rentre chez moi
Le cœur en déroute
Et la bite sous le bras
Ce soir comme tous les soirs
Je me rentre chez moi
Le cœur en déroute
Et la bite sous le bras
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