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dimanche 9 juin 2013




Chronique du temps exigu (59)
Et pour enfoncer le clou, voici un autre extrait de « Dernier tableau » qui vient de paraître chez TheBook Editions.

« Sara indique sa place à Hervé et ils s’assoient. Le repas est simple, mais ils discutent longuement et vers dix heures, Hervé parle de s’en aller.

– L’autre jour, tu semblais vouloir me suivre chez moi et aujourd’hui que tu es dans la place, tu es bien pressé de partir ! Soit, dit Sara en se levant.
– Je ne me sens pas pressé mais il se fait tard et j’ai du chemin à faire…
– C’est bien pour cela qu’il vaut mieux que tu passes la nuit ici, je ne voudrais pas que tu prennes froid en courant les rues, répond-elle en souriant.

Il la prend dans ses bras et ils restent longtemps à s’embrasser, debout à côté de la table.

– Viens, lui dit-elle.

Il la suit dans sa chambre. Elle se déshabille et il en fait autant. Ils plongent tous deux dans le lit et s’enlacent. Ils se caressent encore et encore.
A un moment, ils entendent, dans la rue, une voiture qui fait un demi-tour bruyant. Sara saute du lit et court, nue, vers la fenêtre qui donne sur la rue.

– C’est Renato, tu ne peux pas rester là, je t’expliquerai, il est jaloux comme un tigre, ce con !
– Bon, dit Hervé en se levant et en enfilant son slip, je vais me planquer dans ton atelier pendant que tu vas lui ouvrir.
– Non, impossible, il a une clé, il va monter d’un instant à l’autre, il faut que tu sortes par ici, dit-elle en ouvrant la porte-fenêtre qui donne sur un balcon.

Elle montre à Hervé, toujours en slip, le rebord du balcon, surmonté d’un grillage en mauvais état. A côté, se trouve le balcon de la maison voisine. En enjambant le grillage, il y a peut-être moyen d’y poser le pied et d’y atterrir. Hervé regarde, incrédule.

– Allez, vas-y, tu ne peux pas rester ici, je vais te lancer tes vêtements, supplie Sara.
– Tu es sûre qu’il arrive ? demande Hervé, peu motivé.
– Barre-toi, merde, répond Sara en le poussant vers le rebord.

Hervé monte sur le rebord et enjambe le grillage, bénissant l’idée qu’il a eue d’enfiler son slip. Il arrive à tendre la jambe et à la poser sur le rebord du balcon voisin. D’une poussée, il se propulse et y atterrit. Il est encore accroupi qu’il reçoit sur la tête ses vêtements que Sara lui a envoyés en ballot. Et il est à peine remis qu’il prend sur le crâne ses chaussures. Il ramasse le tout et se planque dans l’encoignure que fait la porte-fenêtre qui donne sur le balcon. Il entend Sara fermer sa porte-fenêtre et il s’habille en vitesse sans toutefois enfiler ses chaussures. Il tente doucement d’ouvrir la croisée qui par chance n’est pas verrouillée. Il entre sur un large palier qui donne sur un escalier. Il entend non loin un ronflement dans une chambre au même niveau et un peu plus loin une télévision au rez-de-chaussée. Il descend doucement l’escalier, ses chaussures à la main, après avoir repoussé la porte-fenêtre. Il entend plus nettement la télévision. Arrivé en bas, il se trouve face à une porte qui semble bien être la porte d’entrée. Il marque un temps d’arrêt, tout parait calme. Il appuie sur la poignée et tire sur la porte qui s’ouvre. Il sort et ferme doucement la porte. Elle fait un claquement en se fermant et il avance rapidement dans la rue. Il se cache dans une entrée de garage et se chausse. Il remarque un petit cabriolet italien de couleur rouge qui n’était pas là quand il est arrivé. Il jette un coup d’œil vers la fenêtre de Sara. La lumière est allumée. Il repart vers le boulevard en se disant que ces jeux là ne sont plus de son âge. Il aurait pu se casser le col du fémur en tombant sur le balcon du voisin. Il aurait eu l’air malin, il aurait fallu appeler les pompiers. Qui sait si le Fred, oui Fred Tucaume, n’aurait pas été mis sur le coup, il se serait retrouvé dans le Courrier d’Emeraude avec sa photo en calbute ! Rien que du bonheur comme disent les télévisuels. Et ça commence à bien faire, deux fois qu’il passe à côté du plaisir. La prochaine fois, se promet-il, je la saute et après, on cause et on mange. Pas question de rejouer les acrobates. Et pour couronner le tout, il n’a même pas la bio de Leyden qui est restée sur la table basse. Et voilà qu’une pluie fine se met à tomber.

Ce soir il pleut sur Knokke-le-Zoute
Ce soir comme tous les soirs
Je me rentre chez moi
Le cœur en déroute
Et la bite sous le bras

Malédiction ! C’est là qu’il se rend compte qu’il a laissé sa veste chez Sara. Non seulement sa veste, mais aussi ses papiers. La soirée qui avait commencé au pont d’Arcole se terminait comme il se doit en Berezina. (…)

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