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mardi 1 octobre 2013

Chronique du temps exigu (79)




L’anglais est une langue en voie de disparition, contrairement à bien des idées reçues. Non que ses locuteurs disparaissent mais parce que ces derniers abandonnent progressivement ce parler en usage non seulement outre-manche mais encore dans bien d’autres régions du monde.
George-Bernard Shaw disait que, de toutes les langues, l’anglaise est la plus facile à mal parler et, comme à son époque le net n’existait pas encore, il ne pensait pas si bien dire. En effet, voyez ces extraordinaires sabirs que l’on découvre au fil des pages virtuelles de nos écrans, tous ces acronymes dont quelquefois nul ne sait plus à quoi ils renvoient, tous ces raccourcis et ces crases dont bien des gens savent qu’ils ignorent ce qu’ils veulent dire… vous me direz que bien des langues en sont là.
Mais ce qu’il arrive à la langue anglaise est terrible car elle est victime de son succès : après avoir traversé, par tous moyens appropriés, l’océan atlantique, elle s’est américanisée. Reconnaissons que cela lui a permis de s’enrichir de quelques écrivains de qualité mais aussi elle a été asservie aux nécessités de l’informatique. Ainsi qu’une tache d’huile, la langue des computers a envahi la quasi-totalité du monde et moult locuteurs précédemment non anglophones se sont mis à baragouiner cet idiome à leurs façons, créant de la sorte des pidgins surprenants. On n’est désormais pas loin de cet espéranto et volapük intégrés dont se gaussait le premier président de notre Cinquième République.
On ne peut toutefois pas affirmer, comme je le disais en commençant, que la langue anglaise soit en voie de disparition, le mot est un peu fort ; elle est plutôt en voie de dissolution et finira par se dissoudre en se répandant. Nous n’entendrons plus mugir dans nos campagnes ces voraces anglois, Lewis Carroll n’en eût pas été surpris et Shakespeare pourra enfin se retourner dans sa tombe… my kingdom for a worse !
On voit par là que la langue française n’a guère de souci à se faire.

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