Le beau temps me dégoute et m'fait grincer les dents
Le bel azur me met en rage »
Qu’est-ce que le beau temps ? Et qu’est-ce donc que le mauvais temps ? D’après ce qu’en disait le renard du désert, le mauvais temps, c’est du temps qui dure…
Mais quand les temps sont durs, qu’est-ce que du temps qui dure ? Le temps paraît bien long quand il fait mauvais et comme le temps passe quand il fait beau. Tant et si bien que le t’en fais pas et que le temps t’accule. Pourquoi entend-on si rarement dire : « il fait beau » lorsqu’enfin il pleut après des semaines de sécheresse et qu’enfin les prés reverdissent, les ruisseaux coulent et les champignons poussent dans les bois. Pourquoi entend-on les bureaucrates bronzant en vacances dire : « quel beau temps » tandis que l’ouvrier peine depuis des jours avec sa pioche en plein soleil ? Pourquoi entend-on dire : « quel sale temps » alors que l’on pourrait chanter sous la pluie en poussant de pleines brouettes de terre gluante ?
Disons aussi que tout ce qui qualifie le temps est souvent sujet à caution : qu’est-ce donc que le gros temps alors qu’on n’entend jamais dire : « il fait mince temps » ? Et que sont donc de larges éclaircies quand il y en a rarement d’étroites ? Qu’est-ce donc qu’un temps de chien alors que nul nuage n’aboie ? Et un froid de canard ne serait-il pas tout simplement une déformation de foie de canard (que l’on mange au nouvel-an…) ? Et un temps de cochon, serait-ce quand la pluie a tout des truies ?
Non, en vérité, le mauvais temps, c’est le temps des grincheux, des pisse-froid, des cacochymes et autres amputés du cœur. Le beau temps, c’est le temps qu’il fait lorsque l’on a bon caractère. C’est le temps qui vient, c’est le temps qui passe, le temps de la valse à mille temps. C’est le temps auquel on donne du temps sans pour autant tenter de le retenir. C’est le bon vieux temps qui rajeunit chaque fois qu’on sourit, le temps des cerises, le temps de l’imparfait, du conditionnel, le temps du futur et le temps de l’éternité (tiens, tiens…).
« Cau prénguer lo temps coma veng,
Las gents coma son,
L’argent au cors
E sera muros. »[1]
On voit par là qu’on n’a plus le temps d’en perdre : prenons du bon temps !
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