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dimanche 20 octobre 2013

Chronique du temps exigu (82)

Celui qui parle ne sait pas, celui qui sait ne parle pas.

Ce proverbe est attribué à Lao-Tseu qui vécut près de 500 années avant le début de notre ère et il est étonnant de voir, tout au moins pour la première partie, comme nos contemporains sont proches de ceux de l’auteur du Tao-Tö-King. En effet, ils sont nombreux ceux qui, de nos jours, parlent sans savoir. Je ne pense bien sûr pas à nous qui savons savoir et savons parler (cela ne ferait-il pas beaucoup de savons ?) mais à tous ces autres qui, bégayant, bafouillant, blablatant, babelant et broubelant tiennent le haut du crachoir et parlent pour ne rien dire. Et en ces temps de pré-campagne pour les élections municipales, on en entend sortir de la sentine où ils grouillaient comme des cafards. Mais nous aurons certainement l’occasion d’en reparler.
Donc, reconnaissons qu’il y a des moments où il vaut mieux se mordre la langue et laisser pérorer les couillons car il ne servirait à rien de tenter de leur expliquer leurs erreurs. Notre époque est fertile, par exemple, en économistes du café du commerce, en psychologues de bazar, en architectes de comptoir et en beaux parleurs de tous genres aptes à faire passer des vessies pour des lanternes.
Si, par exemple, vous êtes maçon de métier, ne le dites surtout pas car vous aurez toujours en face de vous quelque gugusse qui a construit sa maison et qui aura la certitude de vous apprendre le b a ba autant que l’alpha et l’oméga de ce métier. Celui qui a construit une ou deux maisons - ou fait construire - n’a nul doute sur quoique ce soit. Celui qui, de par son métier, en a construit une ou plusieurs centaines sait qu’il y a toujours à apprendre, que son savoir est toujours à améliorer et qu’il faut toujours écouter plutôt qu’affirmer : il peut arriver que, telle une perle dans l’huître, un imbécile dise une chose intelligente. Parfois à son corps défendant mais l’humanité est ainsi faite.

On voit par là qu’il faut être patient pour enfiler des perles.

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