Ce dimanche, j’avais préparé une
chronique dans le style un peu désabusé, le genre de billet qui, élaboré dans
un délire obsidional, sort tout droit de la barbacane de ma web-citadelle.
Toutefois l’arrivée des gracieuses chanterelles d’automne m’a détourné de ces
basses préoccupations. Elles se dissimulent au creux des mousses, sous le
couvert des fougères, discrètes dans leur brun légèrement foncé mais leur pied,
à la cueillette apparaît d’un jaune brillant. Elles poussent en bandes
buissonnières et étirées, parfois planquées à l’ombre d’un tout jeune arbre, au
creux des souches et près des bois en décomposition qui nourrissent la terre
des forêts. Tôt le matin, elles émergent du couvert de feuilles, au son du
travail assidu du pic-vert et quand biches et chevreuil tendent le mufle
haletant vers les fourrés au creux desquels ils passeront la journée.
De même, les noires trompettes de la mort, au nom si redoutable mais au goût
si agréable, garnissent le pied des hêtres et ouvrent leur sombre corolle en
attendant le ramasseur éclectique et gyrovague qui viendra les saluer et les
inviter à partager sa table. Elles se mangent fraîches, en omelettes ou en
sauce mais aussi on peut les faire sécher sur une clayette ou suspendues en
élégantes guirlandes, enfilées à la suite par le pied et tête en bas. Quant à l’éclatant lactaire sanguin, il vient en taches serrées étendre ses corolles au
bord des chemins, comme pour tenter le promeneur.
Et enfin, ici ou là, une fluorescente girolle se montre encore, quelque
pied-de-mouton au revers de velours, un ou l’autre bolet, cèpe ou gracieux
clitocybe surgissent à nos pieds.
On verra la semaine prochaine que le champignon n’est pas le plus vénéneux
des hôtes de nos bois.
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