Le sport serait, paraît-il, bon pour la santé. On peut le croire, tout au moins pour ce qui concerne la santé physique. Pour ce qui est de la santé mentale, on manque cruellement de statistiques.
Le sport serait aussi, paraît-il toujours, bon pour l’économie. C’est en tout cas ce que prétendent de distingués spécialistes de la chose pour qui une défaite de l’équipe de France de football se traduirait par 1,5 point de PIB en moins. Chiffre d’une simplicité merveilleuse pour qui ne sait pas que le PIB est une invention fictive et subjective d’économistes imaginatifs. Une défaite de cette équipe mettrait en péril, toujours d’après les experts, les recettes de la première chaîne de télévision française (première par le numéro…), celles des vendeurs de récepteurs de télévision, des cafés et des marchands de pizzas ainsi que celles des paris en ligne.
Mais alors, me direz-vous avec cette acuité intellectuelle qui est la vôtre, rien que des bonnes nouvelles ! Un monde sans TF1, sans télévisions, sans bistros sportifs, sans pizzas décathloniennes et sans paris en ligne ne serait-il pas béni des dieux ? Certes, je vous le concède, vous avez bien raison. Toutefois, et cela n’est pas rien, nous nous verrions privés d’un fait culturel irremplaçable et sans égal : la poésie sportive.
Les médias regorgent d’aèdes chantant les mérites (et démérites) de nos athlètes nationaux. Car que serait un athlète qui ne serait point national ? A peine un gymnaste solitaire. Il ne manque pas de nouveaux Pindare pour célébrer la beauté et la hardiesse des gladiateurs modernes. Et c’est toute une génération spontanée de chantres qui, par le dithyrambe ou la tragédie, mettent en musique les exploits ou les déconfitures des Milon de Crotone ou des Léonidas de Rhodes des temps nouveaux. La poésie sportive est à la poésie ce que le gémie est au talent : le sport est l’étincelle qui fait briller les muses dans le ciel du Parnasse !
Aussi, je vous livre un extrait de ma lecture de la presse locale, dans les pages « Sports » des DNA du 19 novembre:
« S’ils veulent éviter des funérailles nationales à seulement quelques encablures de la nécropole des Rois de France, Z.[1] et ses partenaires vont devoir ressusciter un authentique état d’esprit. Et c’est bien là que se situe le problème. Là que se nouent les fils de l’inquiétude entourant cet ultime rendez-vous censé propulser les XWV [2] vers le Brésil.
Saint-Denis, cité de la peur aux murs tapissés d’angoisse et de tension où Y.[3] et sa bande sont invités à sortir la décolleuse à papier-peint. »
C’est beau comme du Bossuet, comme du Malraux, comme du Drucker ! L’alliance sacrée du luth et de la lutte…
On voit par là que, si la défaite a un coût, la victoire est impayable.
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