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dimanche 18 mai 2014

Chronique du temps exigu (106)


Ah le joli mois de mai ! Les médias qui ne savaient plus quoi raconter, qui ne savaient plus quelle tempête dans un verre d’eau allait pouvoir les occuper, voient surgir le bout du tunnel et une kyrielle d’évènements passionnants se profilent à leur horizon : le festival de Cannes, puis Roland-Garros, Wimbledon, le Mondial de football et, last but not least, le tour de France ! Les Cannais, les Camés,  les rackets et les crampons. Rien que du bonheur, rien que du beau monde ! La crise n’a plus la cote, les frasques politiques n’intéressent plus, vivement les paillettes, les flonflons et la débauche de fric, de blé et d’oseille. C’est tout à coup comme si on avait découvert la malle au trésor et pour tout cela, quand y’en a plus, y’en a encore.
Et, à l’occasion du festival de Cannes, notre pays récupère son exilé fiscal de prédilection dans un rôle de décomposition, en un film quelque peu boudé par la gentry-people cannoise, ce qui lui donne le parfum de scandale nécessaire et suffisant pour se vendre par millions d’entrées dans des pays encore plus en voie de sous-développement que la France. Et pour ceux qui préfèrent la romance à l’aigre-douce, Mme Kidman a en magasin ce qu’il faut pour émouvoir les cœurs et les reins, un antibiopic sur une actrice promue en princesse dont le carrosse devint citrouille après une course à vive allure. N’est-il pas merveilleux que, pendant qu’on tue en Syrie, que l’Ukraine est dépecée, qu’on enlève au Nigéria et qu’on meurt dans les mines en Turquie, les marchands de bonheur à la petite semaine pensent à nous donner ce plaisir minuscule qu’est le spectacle des riches et des puissants dans leurs œuvres ?

On voit par là que lorsque la fin du monde arrivera nul ne s’en apercevra, nous serons au cinéma.

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