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jeudi 18 septembre 2014

Le cabot de Fortunio (11)

-          Ben dites-donc, c’est à vous ce cador ? me demande-t-il.
-          Je dirais que c’est une acquisition récente et quelque peu involontaire. Je suis franchement désolé…
-          Ce n’est rien, il paraît que chien qui aboie ne mord pas mais tout de même, il m’a surpris !
Ce moment d’émotion passé, je règle mes affaires puis reviens chez moi escorté du toutou qui semble maintenant calmé. Mes ouvriers terminent de décharger les outils du camion, ils ne bossent pas le vendredi après-midi. Je leur propose de boire un coup et nous entrons dans la maison. Le clebs semble assez dissipé, on voit qu’elle se sent à l’aise, un peu trop même.
On boit notre coup, les mecs ne s’attardent pas. Je mets en place les gamelles avec des croquettes pour la chienne puis je me prépare un frichti. Tout en tournant dans une casserole, je pense à ce putain de clébard. Il ne va pas me pourrir la vie maintenant que, par la force des choses et par la grâce de ma connerie, je suis devenu son maître.
Je me mets à table et le téléphone sonne. C’est Annie, la jeune femme du chenil qui me signale que j’ai, comme qui dirait, intérêt à me mettre en règle : je suis parti comme un voleur et je risque en effet d’être considéré comme tel. Un voleur de chien, s’entend. Il faut régulariser la situation et le mieux serait de revenir dès quatorze heures au chenil. Je sens une ironie perfide dans sa voix juvénile.
-          Bon, je veux bien revenir mais je ne voudrais pas retomber sur la harpie de ce matin.
-          C’est un risque à courir, cher monsieur, et c’est vous qui voyez, me répond-elle.
-          Bien, je viens. J’avoue que je n’ai pas été très fin…
-          Mais si, mais si, vous seriez surpris si vous saviez…
-          Il vaut parfois mieux ne rien savoir. Allons, laissez-moi le temps de manger et j’arrive. Par pitié, n’ameutez pas la maréchaussée, les gabelous et les services vétérinaires, je vous promets de me jeter à vos pieds avant le coucher du soleil et d’implorer votre clémence !
-          Bon appétit, je vous attends, conclut-elle.
Et sitôt déjeuné, me voilà sur la route. J’arrive à deux heures tapantes au chenil et me présente devant la demoiselle.
-          Bonjour Annie, dis-je. Enfin, vous permettez que je vous appelle par votre prénom ?
-          Mais oui, cher monsieur, répond-elle.
-          Oh oh, pass tann de moussu, appelez-moi Albert, je vous en prie.
-          Bien, alors monsieur Albert, vous devez signer ces quelques papiers. En fait tout doit se passer comme si vous aviez amené ce chien puis que vous étiez venu le prendre. Ce chien fait partie du chenil et vous en deviendrez propriétaire si vous remplissez et signez ces papiers, pas avant sinon vous serez considéré comme voleur de chiens. Alors, que décidez-vous ?

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