-
Ben dites-donc, c’est à vous ce cador ? me
demande-t-il.
-
Je dirais que c’est une acquisition récente et
quelque peu involontaire. Je suis franchement désolé…
-
Ce n’est rien, il paraît que chien qui aboie ne
mord pas mais tout de même, il m’a surpris !
Ce moment d’émotion passé, je règle mes affaires puis reviens chez moi
escorté du toutou qui semble maintenant calmé. Mes ouvriers terminent de
décharger les outils du camion, ils ne bossent pas le vendredi après-midi. Je
leur propose de boire un coup et nous entrons dans la maison. Le clebs semble
assez dissipé, on voit qu’elle se sent à l’aise, un peu trop même.On boit notre coup, les mecs ne s’attardent pas. Je mets en place les gamelles avec des croquettes pour la chienne puis je me prépare un frichti. Tout en tournant dans une casserole, je pense à ce putain de clébard. Il ne va pas me pourrir la vie maintenant que, par la force des choses et par la grâce de ma connerie, je suis devenu son maître.
Je me mets à table et le téléphone sonne. C’est Annie, la jeune femme du chenil qui me signale que j’ai, comme qui dirait, intérêt à me mettre en règle : je suis parti comme un voleur et je risque en effet d’être considéré comme tel. Un voleur de chien, s’entend. Il faut régulariser la situation et le mieux serait de revenir dès quatorze heures au chenil. Je sens une ironie perfide dans sa voix juvénile.
-
Bon, je veux bien revenir mais je ne voudrais
pas retomber sur la harpie de ce matin.
-
C’est un risque à courir, cher monsieur, et
c’est vous qui voyez, me répond-elle.
-
Bien, je viens. J’avoue que je n’ai pas été très
fin…
-
Mais si, mais si, vous seriez surpris si vous
saviez…
-
Il vaut parfois mieux ne rien savoir. Allons,
laissez-moi le temps de manger et j’arrive. Par pitié, n’ameutez pas la
maréchaussée, les gabelous et les services vétérinaires, je vous promets de me
jeter à vos pieds avant le coucher du soleil et d’implorer votre
clémence !
-
Bon appétit, je vous attends, conclut-elle.
Et sitôt déjeuné, me voilà sur la route. J’arrive à deux heures tapantes au
chenil et me présente devant la demoiselle.
-
Bonjour Annie, dis-je. Enfin, vous permettez que
je vous appelle par votre prénom ?
-
Mais oui, cher monsieur, répond-elle.
-
Oh oh, pass
tann de moussu, appelez-moi Albert, je vous en prie.
-
Bien, alors monsieur Albert, vous devez signer
ces quelques papiers. En fait tout doit se passer comme si vous aviez amené ce
chien puis que vous étiez venu le prendre. Ce chien fait partie du chenil et
vous en deviendrez propriétaire si vous remplissez et signez ces papiers, pas
avant sinon vous serez considéré comme voleur de chiens. Alors, que
décidez-vous ?
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