Je comprends qu’il
vaut mieux déballer toute l’histoire. Cela prend du temps mais mon auditoire
est captivé. Une fois terminé, Léon intervient :
-
C’est pour nous
raconter tout cela que tu es venu ici ? Ça m’étonnerait !
-
Tu as tout compris.
Je compte aller secouer le prunier à l’avocat libanais et c’est un travail que
je préfère ne pas faire seul. Il me faut quelqu’un de beau, fort, intelligent
et perspicace : la seule personne au monde qui possède toutes ces
qualités…
-
C’est pas moi,
coupe-t-il vivement.
-
Ecoute-moi,
Léon : je compte sur toi pour m’empêcher de faire une connerie car j’ai
une furieuse envie de l’étrangler, cet avocat. Tu peux comprendre ça ?
-
Je peux comprendre,
certes, mais quand tu l’auras étranglé, tu fais quoi mon pote ?
-
Justement, c’est là
que tu interviens. Moi je dis que je vais l’étrangler et toi tu négocies, tu
lui dis : si vous ne causez pas, mon pote va vous étrangler, je pourrai
pas le retenir…
-
C’est bizarre avec
toi. T’es plutôt du genre réfléchi d’habitude mais quand il s’agit d’histoires
de gonzesses, tu fonces d’abord et tu réfléchis après… enfin si tu
réfléchis !
-
Si tu veux mais es attal et c’est pas autrement. Alors
je te dis : tu en es ou tu en es pas ?
-
Et moi dans cette affaire,
je compte pour rien ? demande Esther.
-
Pardonne-moi si je
m’excuse, Esther mais c’est quand même une affaire d’hommes…
-
Excuse-moi si je te
pardonne pas mais tu vas retirer cela vite fait. De toute façon, si Léon en
est, j’en suis moi aussi, on sera pas trop de deux pour te surveiller.
Là, je comprends
qu’elle vient de dire banco, on y va. Sacrée bonne femme cette Seccotine, elle
a pas l’air mais c’est vrai qu’elle travaille dans l’univers carcéral, faut le
faire. Je jette un œil sur Léon, il a l’air un peu désemparé lui qui a
l’habitude de rechigner avant de tirer sur le collier. Il change brutalement de
conversation :
-
Et tu as un clebs
maintenant ?
-
Si je commence avec
ça, on n’a pas fini, c’est vous qui voyez…
-
Nonobstant
et quoiqu’il en soit, t’as déjà commencé à nous pourrir la matinée alors
continue !
-
Ben,
merci pour la pourriture mon salaud…
-
Vous
avez pas fini vos manières à la con ! intervient Esthertine. Raconte ton
histoire de chien et d’abord, comment s’appelle-t-il encore ?
-
C’est
elle, elle s’appelle Flèche, dis-je.
-
Drôle
de nom pour un clebs, dit Léon.
-
Si
j’avais un paon, je l’appellerais Léon, connaud ! Mais c’est une chienne
et elle est arrivée comme soufflée d’une
sarbacane.
-
On croyait
savoir tout sur l'amour/Depuis toujours,/Nos corps par coeur et nos cœurs/
Au chaud dans le velours./Et puis te voilà bout de femme,/Comme soufflée d'une sarbacane. reprend Léon.
Au chaud dans le velours./Et puis te voilà bout de femme,/Comme soufflée d'une sarbacane. reprend Léon.
-
Ah Cabrel ! Toute une époque… Finis les matins paupières en panne,/Lourdes
comme des bouteilles de butane,…
continué-je.
-
Bon, les anciens cons battus, ça ira comme ça, coupe Seccotesther.
-
Tu as raison, soyons sérieux, dis-je.
Je
raconte l’histoire de la bagnole au milieu de la route en pleine nuit, les
pompelards, la maison Sameli et tutti quanti, en passant par la gonzesse qui
n’avait plus de nom et les lavatories de Bergerac. Entretemps, Léon a pris le
temps de nous refaire un pot de café et Esther reste pendue à mes lèvres.
-
Café,
boss, après une histoire pareille ? me demande Léon, brandissant sa
cafetière.
(à suivre...)
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