Il sort de sa poche un téléphone portable et nous donne un numéro.
-
Cher Maître, nous vous sommes reconnaissants de tout ce que vous faites
pour nous. Si nous avons le moindre problème, nous reviendrons avec plaisir
vous secouer quelques puces. En toute aménité, bien sûr, déclare Léon, très
Grand Siècle, tendant la main.
Le bonhomme s’est levé et lui serre la pince. Il me tend sa paluche que
je chope vivement en lui balançant un coup de genou léger quoique ferme dans
les parties intimes.
-
En toute aménité, cher Maître, répété-je.
Le maitre se plie en deux pour soulager sa douleur in partibus tandis que nous sortons dignement en direction de notre
véhicule. Nous tombons nez à nez avec Esther, aux quatre-cents coups.
-
Flèche…, dit-elle, essoufflée.
-
Quoi Flèche, dis-je, elle est là.
En effet, cette dernière est assise sur le trottoir et me regarde
affectueusement. Esther explique alors qu’elle a voulu la faire sortir deux
minutes de la Laguna. En sortant du coffre, Flèche s’est précipitée vers la rue
Legris, Esther n’a pas pu l’en empêcher et lui a couru après. En arrivant à
l’angle de la rue, elle a vu la chienne grogner sur deux gus qui voulaient
entrer dans la maison de l’avocat.
-
Les deux gars ont reculé, y’avait un black et l’autre un rebeu. Le black
a gueulé : « T’avais pas dit qu’y avait un clebs,
Ouari ! ». Ils se sont barrés vers le bout de la rue…
-
Va chercher la caisse Esther, dit Léon. Et toi, Fortunio, viens avec
moi, on va voir où ils sont ces gonzes.
Esther s’en va et nous nous dirigeons avec Flèche vers le croisement au
bout de la rue. Nous regardons à gauche et à droite, il y a des voitures garées
des deux côtés, personne en vue. Une voiture démarre, une Golf verte
immatriculée dans le 94. Elle s’éloigne sans que nous puissions voir les
occupants. Esther nous rejoint avec la Laguna, nous montons et elle tente de
suivre discrètement la Golf qui, une fois sortie de Moretun, accélère et prend
la direction de l’autoroute. Effectivement, elle part en direction de Toulouse,
nous la suivons. On fait une vingtaine de kilomètres sur l’autoroute puis la
Golf entre dans une aire et se dirige vers les pompes à carburant. Esther se
gare discrètement dans un parking d’où on peut observer la station. Un black
sort et prend du carburant. L’autre gars, un bronzé clair, est assis dans la bagnole.
Il parle dans un portable. Léon sort de la Laguna, me fait signe de ne pas
bouger et se dirige vers les pompes. Je le vois aborder le black et lui
parler. Puis l’autre semble se lasser et
il fait signe à Léon de se casser. Léon s’éloigne, va vers la cafétéria, il en
ressort par une autre porte puis revient vers nous en faisant un large tour, le
temps que le gars paie et se barre.
-
Bon, ils reviennent sur Paris, dit-il une fois dans la Laguna.
-
Comment tu l’as su ?
-
Je lui ai demandé s’il n’allait pas sur Dax, j’ai dit que je cherchais
un covoiturage. Le mec m’a dit que non, qu’il montait sur Paris. Bon mais j’ai
commencé à tchatcher parce que j’entendais ce que racontais l’autre au
téléphone, il parlait comme un sourd. Il disait qu’il avait failli se faire
bouffer par un clébard de merde, que c’était pas au programme et qu’ils iraient
faire le boulot à Paris, quand l’autre
serait rentré…
-
Un clébard de merde ! Ma Flèche, dis-je.
-
Le black a dû se rendre compte de mon manège et c’est là qu’il m’a
invité à faire de l’air. J’ai pas insisté, je pense que de toutes façons, on en
sait assez, ces gonzes venaient voir notre Benledek, c’est sûr…
-
Attends, je vais essayer un truc, dis-je.
(à suivre...)
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