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jeudi 18 août 2016

René-la-Science (11)



— Tu verras, tu ne pourras plus partir d’ici, mon cher Fortunio, on va te trouver une maison et tu t’installes dans le coin. Je te trouverai des chantiers, qui sait on pourrait s’associer. Et voilà l’affaire, commenta René.
— Bien, voilà que j’ai un coach qui va me faire adopter dans le pays, dis-je.
— Tu vas voir, je m’occupe de tout.
— Ça c’est du René tout craché, des idées, de la gueule, mais après ? Dis-je.
— Non mais dis donc, je suis capable de bosser aussi, rouspéta René.
— Oui, excuse-moi.
— En plus, je te soupçonne de chercher des petits chantiers vite fait en passant, avec tes cachotteries de ce matin, lança René.
— Ce n’est pas tout à fait faux, mais je ne peux pas m’éterniser ici quand même. J’ai du boulot qui m’attend chez moi et puis tu ne vas pas m’héberger indéfiniment.
— Indéfiniment, non. Mais tu sais, Valin, le propriétaire de la maison où tu as dormi, te la laisserait quelque temps s’il fallait, ajouta René.
— Vous dormez dans la ferme de monsieur Valin ? demanda Josie.
— Oui, j’y ai dormi cette nuit et j’y redormirai ce soir, dis-je.
— C’est vous alors qui y êtes allé cette nuit ? J’ai entendu une voiture et des portières claquer.
— Nous y sommes allés à pied, intervint René, tu n’as pas pu entendre une voiture, Josie.
Là, je sentis que le terrain devenait glissant et que je devais trouver une explication plausible pour éviter de trahir Michel, ainsi que Sylvie.
— En effet, à peine m’étais-je endormi que j’ai entendu tourner une voiture dans la cour, une portière a claqué, je suis allé voir à la fenêtre, mais le temps que je me lève, la voiture est repartie, dis-je.
— Ah, alors ça doit être quelqu’un qui s’est trompé, dit Josie.
René ne fit pas de commentaire, mais je le sentais plus que dubitatif. Il n’insistera pas devant Josie et Colette, mais il n’est pas du genre à laisser tomber, il me posera des questions si nous nous trouvons en tête à tête. Il faut que je réfléchisse à ce que je vais lui raconter. Car, après tout, ce sera bien plus simple si je le mets au courant. Et plus rigolo : plus on est de fous…
Et cela n’a pas loupé : arrivés à la maison, Colette et Josie rentrèrent avec la cueillette et René me dit qu’il va me montrer les dépendances dont il a la disposition. Nous voilà donc tous les deux dans la grange.
— Tu ne me cacherais pas quelque chose, toi, avec ton air de sainte-nitouche ? me dit-il.
— Tu sais bien que je n’ai pas plus de secrets pour toi que tu n’en as pour moi, esquivé-je.
— Attention, mon bon jésuite, tu ne vas pas répondre à mes questions par d’autres questions. Je suis sûr que tu me caches quelque chose, mais quelque chose que tu brûles quand même de me raconter. Alors dis-moi tout…
(à suivre...)

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