— Tu verras, tu ne
pourras plus partir d’ici, mon cher Fortunio, on va te trouver une maison et tu
t’installes dans le coin. Je te trouverai des chantiers, qui sait on pourrait s’associer.
Et voilà l’affaire, commenta René.
— Bien, voilà que j’ai un
coach qui va me faire adopter dans le pays, dis-je.
— Tu vas voir, je
m’occupe de tout.
— Ça c’est du René tout
craché, des idées, de la gueule, mais après ? Dis-je.
— Non mais dis donc, je
suis capable de bosser aussi, rouspéta René.
— Oui, excuse-moi.
— En plus, je te
soupçonne de chercher des petits chantiers vite fait en passant, avec tes
cachotteries de ce matin, lança René.
— Ce n’est pas tout à
fait faux, mais je ne peux pas m’éterniser ici quand même. J’ai du boulot qui
m’attend chez moi et puis tu ne vas pas m’héberger indéfiniment.
— Indéfiniment, non. Mais
tu sais, Valin, le propriétaire de la maison où tu as dormi, te la laisserait
quelque temps s’il fallait, ajouta René.
— Vous dormez dans la
ferme de monsieur Valin ? demanda Josie.
— Oui, j’y ai dormi cette
nuit et j’y redormirai ce soir, dis-je.
— C’est vous alors qui y
êtes allé cette nuit ? J’ai entendu une voiture et des portières claquer.
— Nous y sommes allés à
pied, intervint René, tu n’as pas pu entendre une voiture, Josie.
Là, je sentis que le
terrain devenait glissant et que je devais trouver une explication plausible
pour éviter de trahir Michel, ainsi que Sylvie.
— En effet, à peine
m’étais-je endormi que j’ai entendu tourner une voiture dans la cour, une
portière a claqué, je suis allé voir à la fenêtre, mais le temps que je me
lève, la voiture est repartie, dis-je.
— Ah, alors ça doit être
quelqu’un qui s’est trompé, dit Josie.
René ne fit pas de
commentaire, mais je le sentais plus que dubitatif. Il n’insistera pas devant
Josie et Colette, mais il n’est pas du genre à laisser tomber, il me posera des
questions si nous nous trouvons en tête à tête. Il faut que je réfléchisse à ce
que je vais lui raconter. Car, après tout, ce sera bien plus simple si je le
mets au courant. Et plus rigolo : plus on est de fous…
Et cela n’a pas loupé :
arrivés à la maison, Colette et Josie rentrèrent avec la cueillette et René me
dit qu’il va me montrer les dépendances dont il a la disposition. Nous voilà
donc tous les deux dans la grange.
— Tu ne me cacherais pas
quelque chose, toi, avec ton air de sainte-nitouche ? me dit-il.
— Tu sais bien que je
n’ai pas plus de secrets pour toi que tu n’en as pour moi, esquivé-je.
— Attention, mon bon
jésuite, tu ne vas pas répondre à mes questions par d’autres questions. Je suis
sûr que tu me caches quelque chose, mais quelque chose que tu brûles quand même
de me raconter. Alors dis-moi tout…
(à suivre...)
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