René s’en va puis, au
bout de quelques minutes, revient s’asseoir.
-
Excellent, ce thé, pour moi qui n’ai pas l’habitude
de ce genre de boisson… Putain, si j’ose dire, ce masque est vraiment
effrayant. Je me demande pourquoi on a pu faire un pareil truc et surtout,
comment on peut avoir l’idée de garder sa dans sa maison ! Il faut être
tordu.
-
Ben, d’autant plus que c’est probablement
le proprio d’avant-guerre qui a monté ce cabinet de curiosités et que le père
de Daniel ne s’en n’est pas débarrassé. Je parie qu’une connerie pareille
ferait encore un bon prix, en trouvant l’amateur… Et je me demande si Daniel
est au courant, je trouve qu’il aurait pu me prévenir !
-
Passons. Sers-moi encore de ce thé puis j’aimerais
bien aller faire un tour à l’étage. Tu me montrerais ma chambre par exemple et
puis, tant qu’à être là, autant faire du tourisme…
-
Tu as raison. Moi-même, j’ai visité en
vitesse pendant la nuit et je me suis contenté d’aller dans ma chambre. Il y a
deux grandes chambres sur le devant, de part et d’autre d’un large couloir, je
dirais même un large palier presque aussi grand que le vestibule, en-bas. Puis,
il y a deux petites chambres, la tienne et la mienne. Et, donnant sur l’arrière,
deux chambres encore. Il y a plusieurs salles d’eau avec des cagoinces, trois
étoiles quoi !
-
Bien, on va y aller, j’espère que nous
sommes au bout de nos surprises les plus désagréables, conclut René.
Ils finissent leur thé et
montent par l’escalier principal. Les deux chambres de l’arrière sont vite
visitées, l’une étant celle de Daniel et l’autre seulement meublée d’un lit et
d’une armoire sans style. Albert présente ensuite sa chambre, puis celle qu’i
est attribuée à René, le mobilier est ancien mais rustique. Les deux chambres
de devant sont joliment meublées avec des meubles de style. Celle de gauche,
au-dessus du salon, est visiblement la chambre de monsieur et l’autre, en
vis-à-vis, celle de madame. Du côté monsieur, l’ensemble est assez
conventionnel avec des meubles en chêne assez lourds et massifs. Mais pour bien
les voir, il faut soulever des draps qui ont été posés, à l’ancienne, pour
protéger de la poussière
-
Mais, dis-moi, où est la chambre du papy ?
On dirait que ces pièces sont inutilisées depuis bien longtemps ; les
mites sont d’ailleurs passées ici ou là et la poussière semble antédiluvienne,
demande René.
-
Ne m’en demande pas trop, il y a de toute
façon une chambre au rez-de-chaussée où il logeait avant que les jardiniers l’enferment
dans la gloriette…
La chambre de madame est
plus joliment décorée, René, admiratif, soulève les protections :
-
Regarde-moi cette coiffeuse, on dirait que
toute la pièce est meublée dans la style Empire, oh ce guéridon, regarde-moi ce
ciel-de-lit !
-
Tu sais, moi, les styles du mobilier, j’y
connais que dalle, lui dit Albert.
-
Ouah, regarde cette psyché ! C’est de
l’acajou, quelle splendeur ! Ça c’est du style, mon pote…
Il a carrément enlevé le
drap de protection, caresse les contours en bois, incline le miroir.
-
Admire la qualité et le grain de ce
miroirs, on n’en fait plus des comme ça, je crois même qu’il y a du mercure
là-dedans.
Il passe un léger coup de
chiffon sur le verre puis recule un peu pour se mirer. Une ombre passe sur la
glace et il se tourne vers Albert qui est absorbé dans la contemplation d’un
tableau, une charmante scène champêtre.
-
Ça alors, c’est toi qui a projeté une
ombre sur cette glace ? Lui demande-t-il. Je ne comprends pas ce qui s’est
passé, on aurait dit l’ombre de quelqu’un qui se serait glissé entre la glace
et moi…
-
Glissez, mortels, n’appuyez pas… T’as des
acouphènes dans les yeux, mon pote !
-
Bon, si tu les dis ! Mais c’est assez
bizarre, tout de même, conclut René en remettant la housse de protection sur la
psyché.
Ils redescendent pour
aller envisager leur repas du soir dans la cuisine.
(à suivre...)
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