Chronique
du temps exigu (17)
Où l’on reparle des étrangers…
En ces temps de vacances, il n’est pas inutile de parler des
étrangers. En effet, ceux-ci sont plus visibles par temps clair. Qu’est-ce à
dire ?
L’étranger ne se qualifie pas seulement par son
extranéité qui est intrinsèque dès lors que ce quidam se trouve dans une
contrée à lui-même étrangère.
Il y a de multiples façons d’être étranger, certains se
déguisent en métèques, d’autres en touristes, d’aucuns se font passer pour des
immigrés quand ils sont chez nous et pour des émigrés quand ils y sont aussi.
Comment bien identifier l’étranger ?
Ce qui particularise réellement l’étranger est en fait son
étrangeté. Une étude récente faite en Suède a montré que les suédois
considèrent pour majeure partie que les norvégiens sont autant étrangers qu'étranges car ils ne
savent ni faire la queue ni rouler correctement dans les ronds-points. En
outre, ils se garent sur les places de parking réservées aux handicapés.
Certes, on dit que les norvégiennes ont le sang chaud mais
admettons que vus de Romorantin-Lanthenay ou de Rebirechiroulet, les norvégiens
paraissent assez semblables aux suédois. Seuls leurs véhicules se distinguent
par la plaque d’immatriculation. Les suédois tentent donc d’identifier le
norvégien à ses actes comme l’arbre se reconnaît à ses fruits.
Mais les natifs d’Oslo ou de Telemark ont-ils le monopole de l’étrangeté ?
Mais les natifs d’Oslo ou de Telemark ont-ils le monopole de l’étrangeté ?
Ce que le norvégien peut faire, n’en serions-nous pas capables ?
En y réfléchissant bien, j’en viens à penser que ce que nous savons si bien
faire nous-mêmes (et quand je dis nous, suivez mon regard… !) avec une
désarmante simplicité quand nous sommes dans notre pays paraîtra étrange à l’étranger
chez qui nous nous sommes rendus afin de le bousculer dans sa queue nationale,
de perturber sa circulation giratoire et d’occuper avec grâce ses places de
parking réservées. La seule difficulté, mais elle est de taille, c’est que nous
ne sommes pas étrangers. Qui donc nous reconnaitra ? Serons-nous obligés
de nous travestir, de nous draper dans nos couleurs nationales comme des
sportifs olympisés ?
Le poète cyclopédique affirmait que les étrangers sont nuls. Je
n’irai pas jusque là, disons seulement qu’ils sont non avenus, cela leur laisse
tout de même une once de valeur.
On voit par là que les étrangers peuvent devenir de moins en
moins encombrants.
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