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dimanche 12 août 2012


Chronique du temps exigu (17)

Où l’on reparle des étrangers… 

En ces temps de vacances, il n’est pas inutile de parler des étrangers. En effet, ceux-ci sont plus visibles par temps clair. Qu’est-ce à dire ?
L’étranger ne se qualifie pas seulement par son extranéité qui est intrinsèque dès lors que ce quidam se trouve dans une contrée à lui-même étrangère.
Il y a de multiples façons d’être étranger, certains se déguisent en métèques, d’autres en touristes, d’aucuns se font passer pour des immigrés quand ils sont chez nous et pour des émigrés quand ils y sont aussi. Comment bien identifier l’étranger ?
Ce qui particularise réellement l’étranger est en fait son étrangeté. Une étude récente faite en Suède a montré que les suédois considèrent pour majeure partie que les norvégiens sont  autant étrangers qu'étranges car ils ne savent ni faire la queue ni rouler correctement dans les ronds-points. En outre, ils se garent sur les places de parking réservées aux handicapés.
Certes, on dit que les norvégiennes ont le sang chaud mais admettons que vus de Romorantin-Lanthenay ou de Rebirechiroulet, les norvégiens paraissent assez semblables aux suédois. Seuls leurs véhicules se distinguent par la plaque d’immatriculation. Les suédois tentent donc d’identifier le norvégien à ses actes comme l’arbre se reconnaît à ses fruits.
Mais les natifs d’Oslo ou de Telemark ont-ils le monopole de l’étrangeté ?
Ce que le norvégien peut faire, n’en serions-nous pas capables ? En y réfléchissant bien, j’en viens à penser que ce que nous savons si bien faire nous-mêmes (et quand je dis nous, suivez mon regard… !) avec une désarmante simplicité quand nous sommes dans notre pays paraîtra étrange à l’étranger chez qui nous nous sommes rendus afin de le bousculer dans sa queue nationale, de perturber sa circulation giratoire et d’occuper avec grâce ses places de parking réservées. La seule difficulté, mais elle est de taille, c’est que nous ne sommes pas étrangers. Qui donc nous reconnaitra ? Serons-nous obligés de nous travestir, de nous draper dans nos couleurs nationales comme des sportifs olympisés ?
Le poète cyclopédique affirmait que les étrangers sont nuls. Je n’irai pas jusque là, disons seulement qu’ils sont non avenus, cela leur laisse tout de même une once de valeur.
On voit par là que les étrangers peuvent devenir de moins en moins encombrants.

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