« Non, pas moi, cela ne peut pas m’arriver à moi »
se dit-il. Il avance encore, les pieds gluants, le pantalon dont le bas mouillé
pèse sur la ceinture en entravant sa marche. Malgré le niveau qui monte, il
s’arrête pour tirer sur les jambes de son pantalon et les coincer au-dessus du
genou. Il repart, tenant son pantalon, progressant difficilement, l’eau atteint
ses genoux et il se trouve au bord du talus qui s’avance en pointe, sans
marchepied en bordure. Il a de l’eau à
mi-cuisses et, au détour que fait le talus, il découvre un petit sentier qui
mène vers le haut du talus et vers les arbres. Il a du mal à se mouvoir,
pataugeant dans la boue, repoussant l’eau avec le haut de ses jambes mais il
donne tout ce qu’il lui reste de forces pour se porter vers cette sente
escarpée qui lui permettra de se mettre à l’abri des flots.
Enfin, il est sur le sable de cette petite rampe d’accès
vers le haut, il se laisse choir à quatre pattes et avance encore un peu, oui
il est sur la terre ferme, il est haletant, il se passe une main sableuse sur
le front et il lui semble que l’eau, le sel et le sable se sont infiltrés
jusqu’à la moelle de ses os. Doucement, il monte et finit par se retrouver sur
le haut du talus, il s’assied, le dos appuyé contre un arbre et reprend son
souffle. Il regarde la mer qui continue à envahir la ria. Il s’est fait avoir
comme un bleu, il sait qu’il y a bien des endroits où le rivage est si plat que
la marée monte très rapidement. On ne l’y reprendra plus.
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