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dimanche 8 juin 2014

Chronique du temps exigu (109)


Les années passant, l’on commémore à tour de bras et les dirigeants de la planète se congratulent à qui mieux mieux. Caviar et foie gras pour les uns, saucisses grillées et frites pour les autres, les larmes coulent et les discours pleuvent. Voilà au moins qui fait consensus ; et honte à qui semblerait indifférent. Ah, il en faut du courage pour commémorer et il en faut de la vertu pour discourir. Des présidents en exercice, des présidents au rancart, des reines, des hauts fonctionnaires et autres célébrités se pressent au portillon. Mais il faut reconnaître que les plages sont plus calmes, moins périlleuses en tout cas, soixante-dix années après le débarquement…
Fort heureusement, on a bien l’impression que de nos jours il ne se passe rien de mémorable et encore moins de commémorable car, comme j’ai eu l’occasion déjà de le signaler, les années sont bien courtes et peinent à contenir tout le fatras des célébrations, fêtes et jours fériés en tous genres. On en est à se demander si l’on ne pourrait créer une journée vide de mémoire, de réminiscences, de souvenirs et de souvenances. Une journée où il ne se passerait rien et dont nul ne se souviendrait. Une journée sans saint à fêter et où l’on ne travaillerait ni ne se reposerait. On gambaderait insoucieusement, sans penser ni à la veille ni au lendemain et en croquant une carotte on s’écrierait : « Quoi d’neuf, docteur ? ».[1]
Ah ! Une journée sans déclamations, une journée sans grandeur d’âme, une journée avec juste du soleil et des papillons, de la pluie et des escargots, ou du vent, des feuilles et des oiseaux. Une journée mémorable quoique aussitôt oubliée en attendant la prochaine, une journée de calme, de tranquillité, d’équanimité.
On voit par là que les jours se suivent et ne se rassemblent pas.



[1] En français : « what’s up, doc ? ».

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