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dimanche 1 juin 2014

Chronique du temps exigu (108)


De tous les peuples de l’Europe, les Belges sont les moins étrangers, comme l’a très justement écrit Jules César. Et en effet, la Belgique n’est pas seulement polyglotte et multilingue mais ses langues nationales sont pour ainsi dire les mêmes que celles de ses pays circonvoisins. Ce qui permet à ses ressortissants de se glisser subrepticement chez nous, par exemple, sans que l’on s’en aperçoive. Donc, ce pays est divisé en trois parties : la Flandre qui est la région néerlandophone, la Wallonie région francophone avec une minorité germanophone et la région de Bruxelles-Capitale. La Flandre est majoritairement peuplée de Flamands, la Wallonie en principe peuplée de Wallons et les habitants de Bruxelles Capitale sont appelés assez logiquement Bruxello-Capitalistes, une ethnie minoritaire et irrédentiste répondant toutefois au gentilé Bruxellois[1].
La Belgique est un pays fort prisé des commentateurs sportifs français qui parlent de nos amis d’outre-Quiévrain. Il est vrai que ses nationaux cyclistes, footballistiques et brassicoles se distinguent en moult occasions. En outre, c’est un pays qui a su résorber son chômage de manière astucieuse en créant un nombre de gouvernements, de ministères et d’élus de toutes sortes proprement hors du commun : chaque région a son gouvernement et les trois régions sont elles-mêmes chapeautées par un gouvernement central. Sans compter un roi pour couronner le tout ! Cela est admirable, d’autant que tous ces emplois sont très correctement rémunérés. Nous devrions en prendre de la graine car la France est certainement sous dotée en emplois de cette sorte alors que tant de personnes y cherchent un emploi.
La Belgique me fait penser à ces plaques de marbre dont on a toujours le sentiment que, traversées de veines de couleurs si diverses, elles pourraient se rompre à tout moment. Mais il n’en est rien et le bloc marbré défie le temps comme les vicissitudes.
Le symbole le plus évident de cette pérennité est bien ce petit personnage qui, à l’angle de la rue du Chêne et après des siècles d’incontinence, continue d’abreuver le touriste enthousiaste de son énurésie généreuse. N’est-il pas étonnant de voir un si petit monument attirer presque autant de visiteurs que la tour Eiffel et le Parthénon[2] ? Quelle rigoureuse économie de moyens, sans oublier que le liquide déversé est recyclable sinon buvable. Et le geste auguste du petit homme ne nécessite nulle traduction, aucune explication, il est simple et explicite, que ce soit en chinois, en finnois ou en urinois.
On voit par là qu’il est bon d’être aussi judicieux que subreptice.




[1] En flamand :kiekefretter.
[2] Presque autant d’après la police, notablement plus d’après les syndicats.

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