J’enfourchai donc ma quadruplette à énergie scolaire, don de mon ami cap, et fonçai à toute allure en direction de l’aéroport où je me garai en double file. Un membre des forces de l’ordre un peu voûté m’intima aussitôt de garer proprement mon attelage mais je lui fourrai sans barguigner un billet de 12,5 caracapenatos dans la main afin qu’il s’en occupe lui-même. Après s’être emparé de la coupure en question, il entama un redressement productif de la colonne vertébrale et siffla le concierge de l’aéroport qui se chargea de mon véhicule après force courbettes. On dit que l’argent ne fait pas le bonheur mais qu’est-ce qu’il fait gagner comme temps !
Je pris donc un billet pour Gucheco et montai dans un aéroplane de grand luxe avec sièges rembourrés. Le voyage ne durant guère plus de deux heures, je n’eus pas l’occasion de consommer quelque boisson acidulée ou autre car je me réservais pour la fraîche anisette locale. A l’aéroport, je ne retrouvai pas la petite friponne qui m’avait loué une voiture mais un solide commercial cravaté à chemise blanche qui me loua une antique voiture néerlandaise à embrayage automatique pour un prix avoisinant le prix d’achat d’une berline allemande à crédit. Fort judicieusement, je m’étais muni d’un paquet impressionnant de monnaie locale et je fonçai sans tarder vers Caracapenata.
Arrivé sur place, je m’attardai comme prévu dans le quartier haut et me fis servir une première anisette à la terrasse du café central où je fis la connaissance de joyeux lurons à qui je payai une tournée générale.
Les meilleures choses ayant une fin, je quittai mes commensaux et descendis vers la ville basse, retrouvant le morne quartier d’Ernesto Che. Sa maison me parut encore plus triste que dans mon souvenir, même la sonnerie me sembla comme affligée. Il apparut et sa sombre figure, lorsu’il m’aperçut, s’éclaira d’une lueur fugace.
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Entrez,
me dit-il, j’ai fait un rêve étrange, un cauchemar !
(...)
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