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jeudi 24 juillet 2014

Le cabot de Fortunio (3)

-          Je n’en sais rien. Bon, on a causé un peu mais cette nana a commencé à me pomper l’air en me reprenant sur ma manière de parler. Car mademoiselle est prof de français, faut dire. J’abrège, j’ai passé la nuit dans son appartement…
-          Dans son lit, je suppose ?
-          Oui mais je me suis endormi avant toute festivité, dirais-je. Mademoiselle n’est pas rancunière car le lendemain elle me laissait partir avec un panier casse-croûte, sa voiture et sa bénédiction…
-          Mais, et votre voiture ?
-          Elle manquait de discrétion alors que la sienne, c’est une petite berline passe partout. Donc, je suis reparti à la chasse au magot, je n’en dirai pas plus car il y a des détails sordides. Et quand j’ai voulu rendre la voiture à sa propriétaire, elle s’était envolée…
-          C’est-à-dire ?
-          Elle avait laissé ma fourgonnette dans un garage avec un petit mot disant qu’elle était partie pour l’Afrique -en coopération ou que sais-je ?- et qu’on se reverrait peut-être un jour…
-          Et alors ?
-          Et alors, pas de nouvelles…
-          Elle a ton adresse, tout de même ? Excuse-moi si je tutoie mais on est entre nous.
-          Oui, bien sûr, elle est sur ma fourgonnette, mon adresse !
-          Et alors, c’est d’elle qu’il s’agit, tu es amoureux d’elle, mon petit Fortunio !
-          Oui, boff…
-          Je résume : tu as retrouvé ton pécule, tu es amoureux, tu ne le sais pas, heureusement que je suis là pour te le dire sinon tu continuerais à te mentir à toi-même. Et les autres femmes, c’était quoi ?
-          Des complices ou des comparses, c’est tout.
-          Voilà, c’est tout ce que je voulais savoir. Tu sais, je t’aime bien, comme maçon mais aussi comme mec. Et ça me plairait bien de savoir que tu es heureux. Bon, on a couché une nuit ensemble, mais cela ne m’empêche pas d’avoir de l’amitié pour toi : tu vois, je suis sans rancune moi aussi !
-          Qu’est-ce que vous voulez dire par là ?
-          Pas d’embrouilles entre toi et moi, mon petit Fortunio, je plaisante. Allons, je dois y aller. Je suis sûre que tu ne m’as pas raconté toute l’histoire mais c’est bien, je me contenterai de cela. Ce que je veux que tu saches c’est que je suis et je resterai ton amie. Promets-moi que si tu as un problème, un vrai, tu feras appel à moi !
-          C’est promis, Juliette.
-          Ah, tu vois que tu sais parler gentiment. Hop, on se fait la bise et je te mets dehors, comme ton copain Récanier. Celui-là, j’aurais préféré lui coller une paire de claques mais il y a des fois où il faut savoir se retenir.

Je reprends ma vaillante fourgonnette et quitte La Bertoude. Ce que m’a dit Juliette me laisse pensif. Elle a certainement raison. J’avais un peu tenté d’oublier Eliane après cette histoire mais je dois bien reconnaître que… que…
(à suivre...)

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