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jeudi 10 juillet 2014

Le cabot de Fortunio (1)

« Don Quichotte avait raison. Sa position est la seule défendable. Toute autorité imposée par la force est à combattre. Mais la force, la violence, ne sont pas toujours du côté où l'on croit les voir. » Henri Laborit, Eloge de la fuite.

Il y a des jours où on ferait mieux de rester au lit. Des jours où la poisse vous tombe dessus sans crier gare. Comme qui dirait : « si j’aurais su, j’aurais pas v’nu ! »
Avant de vous parler du jour en question, il faut que je vous raconte ce qui s’est passé la veille puisque ce jour-là, c’était le lendemain de la veille. Aujourd’hui, on est vendredi donc hier, comme qui pourrait dire, on était jeudi.
Madame Debassac, Juliette pour les intimes, avait offert l’apéro à La Bertoude pour fêter avec les artisans et les ouvriers la fin du chantier de rénovation de son petit château. Deuziaud, l’architecte, avait été invité aussi mais il s’est éclipsé très vite. Il y avait donc l’équipe des « Maisons de Fortunio », à savoir Charles et Riton, l’apprenti Akim et moi-même. Ensuite, Golo le charpentier avec un de ses gars, l’électricien dit « courant d’air », Dédé « Caruso » le plombart, avec son nouvel apprenti et enfin, mais non des moindres, Récanier le menuisier. Plus deux couples d’amis des Debassac, plutôt sympas et venus non seulement pour voir le travail réalisé mais aussi pour prendre contact avec les entreprises.
Récanier était dans le collimateur de mes gars : il avait trop parlé sur le chantier devant mes gars et Dédé. Il leur avait sorti à deux ou trois reprises : « la mère Debassac, je me la ferai, vous verrez, avant la fin du chantier. Elle est chaude, celle-là, vous verrez, oui vous verrez… ». Bon, évidemment, on avait rien vu et il lui restait bien peu de temps pour tenter d’arriver à ses fins. La soirée avait commencé avec tout ce beau monde. Monsieur Debassac, chirurgien et politique, était passé en coup de vent, juste manière de serrer les paluches comme à son habitude. Il était reparti car il avait un raout à Bordeaux et un avion à prendre le lendemain à l’aurore. Apéro sympathique mais aussi ambiance studieuse car les amis de Madame étaient sur place pour, entre les petits fours et les godets, prendre date en vue de travaux dans leurs propriétés.
Vers neuf heures, Madame a fait comprendre à l’ensemble de la troupe que les festivités étaient terminées et que nous étions autorisés à reprendre nos véhicules. Récanier a bien tenté de s’incruster mais Madame, avec un instinct sûr et une autorité sans appel, l’a poussé vers la porte d’entrée devenue pour l’occasion porte de sortie.
-          Monsieur Récanier, il faut que vous dégagiez votre camion, il gêne, vous voyez bien. Mais allez, je vous fais la bise aujourd’hui. Sans rancune, Monsieur Récanier ?
-          Méé, il n’y a pas de rancune, répond celui-ci en passant au rouge soviétique.
-          Alors c’est parfait, déclare-t-elle en lui claquant deux bises. Allez, bon retour, Monsieur Récanier !
Le Monsieur en question flageole jusqu’à son camion sous les ricanements muets de ses collègues. Madame m’interpelle :

-          Monsieur Forelle, juste deux minutes avant que vous ne partiez. Je voudrais que vous me donniez un renseignement.
(à suivre...)

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