L'été est là et les chroniques de Serres et d'ailleurs sont en vacances. C'est la poésie qui prend le relais pendant les dimanches à venir.
Le
sapajou, capucin à poitrine jaune
En
verte forêt de Bahia,
Guidant
le bucheron poète
Ainsi
parlait l’anaconda :
Homme,
sais-tu ce que vous faites ?
Homme
regarde notre terre
Regarde
les feuilles, les branches
Ecoute
chanter la rivière
Entends
la liane qui se penche,
Grince
puis soufflée par le vent,
Se
balance. Après que vois-tu ?
Un
sapajou passe en sifflant,
Pousse
son hurlement têtu,
Et
montre sa jaune poitrine.
Sur
les branches enchevêtrées,
Vois,
il danse une capucine
Elle
est bien vite rejouée
Par
une autre et puis un autre…
En
un carrousel endiablé.
Car
sais-tu ce que font les vôtres :
Frères
humains, vous qui vivez
Avec
des autos, des maisons,
Des
immeubles et des grandes routes
Des
moissonneuses et des avions
Vous
déboisez sans aucun doute
Pour
vous chauffer, pour cultiver,
Pour
vous nourrir et puis surtout :
Vous
enrichir, accumuler
Et
posséder, détruire tout
Posséder
pour mieux démolir
Mais
cette forêt, bucheron,
Dans
la politique du pire
Toi,
tu en coupes quelques troncs
Afin
que la forêt respire
Mais
tes autres frères humains
Veulent
arracher et détruire
Derrière
eux, il n’y a plus rien…
Du
blé, du soja, du maïs
Avec
des tracteurs, des hangars,
Mais
rien qui vraiment les nourrisse
Pour
eux vous n’avez pas d’égards.
Car
la forêt est leur maison
Autant
que leur garde-manger
Ils
n’ont pas besoin d’ambitions
Ils
sont là pour vivre et créer
Regarde
bien ces capucins,
Regarde
leur fourrure sombre
Ils
sont encore quelques-uns
Mais
chaque jour réduit leur nombre
Regarde
bien ces capucins
Regarde
leur poitrine jaune
Vivront-ils
encore demain ?
Ne
verront-ils plus l’Amazone ?
© Pierre Jooris, 2017.
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