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dimanche 7 juillet 2019

Chroniques de l'été (1)

L'été est là et les chroniques de Serres et d'ailleurs sont en vacances. C'est la poésie qui prend le relais pendant les dimanches à venir. 

Le sapajou, capucin à poitrine jaune
En verte forêt de Bahia,
Guidant le bucheron poète
Ainsi parlait l’anaconda :
Homme, sais-tu ce que vous faites ?

Homme regarde notre terre
Regarde les feuilles, les branches
Ecoute chanter la rivière
Entends la liane qui se penche,
Grince puis soufflée par le vent,
Se balance. Après que vois-tu ?
Un sapajou passe en sifflant,
Pousse son hurlement têtu,
Et montre sa jaune poitrine.
Sur les branches enchevêtrées,
Vois, il danse une capucine
Elle est bien vite rejouée

Par une autre et puis un autre…
En un carrousel endiablé.
Car sais-tu ce que font les vôtres :
Frères humains, vous qui vivez
Avec des autos, des maisons,
Des immeubles et des grandes routes
Des moissonneuses et des avions
Vous déboisez sans aucun doute
Pour vous chauffer, pour cultiver,
Pour vous nourrir et puis surtout :
Vous enrichir, accumuler
Et posséder, détruire tout

Posséder pour mieux démolir
Mais cette forêt, bucheron,
Dans la politique du pire
Toi, tu en coupes quelques troncs
Afin que la forêt respire
Mais tes autres frères humains
Veulent arracher et détruire
Derrière eux, il n’y a plus rien…
Du blé, du soja, du maïs
Avec des tracteurs, des hangars,
Mais rien qui vraiment les nourrisse
Pour eux vous n’avez pas d’égards.

Car la forêt est leur maison
Autant que leur garde-manger
Ils n’ont pas besoin d’ambitions
Ils sont là pour vivre et créer
Regarde bien ces capucins,
Regarde leur fourrure sombre
Ils sont encore quelques-uns
Mais chaque jour réduit leur nombre
Regarde bien ces capucins
Regarde leur poitrine jaune
Vivront-ils encore demain ?
Ne verront-ils plus l’Amazone ?

© Pierre Jooris, 2017.


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