Chroniques de l'été (3)

Partir pour partir

Il quitte sa terre chassé par le destin

Laissant femme et enfants, amis et tous parents

Perdant père et mère tombés dans le chagrin

Parti seul sans bagage et sans suivre le vent.

Il va, nul au revoir, à partir pour partir :

Déjouer les émois et taire les secrets

Ne pousser nul sanglot pas plus que de soupir

N’avoir nulle peine pas plus que de regret.

La grande voile est là qui frémit sous la brise

Et le vaste océan appelle vers les iles

Il est toujours poussé vers des cieux sans surprise

Courant sans s’arrêter vers son astre fragile

Courant sans nul retour vers la divine étoile

Cinglant sur la vague là où est son destin

Cinglant dans l’ouragan, lancé à pleine voile,

Il atteindra enfin ses désirs clandestins.

Alors lassé de tout où ira-t-il plus loin

Vers un autre horizon ou un autre océan,

Les creux des abysses, le fond des fonds marins,

Pour son âme blasée quel autre continent ?

© Pierre Jooris, 2017.