Il repartit. Ce fut, se dit-il, une belle journée. Une marche tonique, un bon casse-croûte et, last but not least, une rencontre passionnante. Cet antiquaire est un homme plein d’humour et d’une rare qualité. Hervé ne sait pas ce qu’il lui a pris de lui demander ce genre d’objet délaissé, une inspiration qui lui est venue après être sorti de chez ce brocanteur si peu agréable.
Il arrive chez lui et monte à son appartement. Madame Lemond a glissé son courrier sous sa porte. Rien d’important, mais le suivi se fait bien.
Après une courte soirée, il est ravi d’aller se coucher.
*
Le lendemain matin, il gagne la gare routière et relève les horaires des bus qui circulent tant le long de la côte que dans l’arrière-pays. Aujourd’hui, il fait précisément le choix de visiter l’intérieur des terres. Un bus l’amène jusqu’à Dol d’où il part à pied vers Combourg, tentant le stop pour s’économiser un peu. Et, sur sa bonne mine, un vieux paysan en fourgonnette le prend. Cet homme lui conseille fortement de visiter aussi Becherel, village consacré aux métiers du livre. Hervé le remercie et lui dit qu’il ira certainement un jour prochain.
Arrivé à Combourg, il visite rapidement la petite ville et se rend au château des Châteaubriant, dans l’espoir de le visiter. Les visites ont lieu l’après-midi, il se promène donc encore en attendant l’heure de son casse-croûte. L’après-midi, après avoir marché sur les traces de François-René, il repart vers Dol, uniquement à pied cette fois, pour entraîner ses jambes.
Arrivé à Dol, il fait un tour dans la ville puis reprend le bus pour Saint-Lambaire.
Et encore une belle journée de passée.
*
Le lendemain matin, il tombe une légère bruine qu’il juge fort à propos. Pas de longue promenade en vue, il doit faire des courses pour son ménage et passer au magasin d’informatique pour savoir si la livraison de sa commande se précise. Le vendeur la lui promet pour le mardi suivant. On est vendredi, pense-t-il, c’est parfait.
Ayant ramené ses provisions, il a encore tout le temps de regarder ses cartes et d’envisager des promenades pour les jours suivants. Puis il déjeune et décide de continuer à lire le livre prêté par Madame Lemond. Après quoi, il ira en ville voir l’antiquaire et, qui sait, peut-être prendra-t-il sa revanche au scrabble.
Un peu avant seize heures, il pousse la porte du magasin de Monsieur Marondeau.
– Hervé ! s’exclame Raymond. Je ne dirais pas que je vous attendais aujourd’hui, mais je vous espérais. Vous savez, mon cher, les journées sont longues dans mon obscure boutique et je me plais à penser que vous aussi avez plaisir à venir partager un thé avec moi.
– Vous avez raison, mais en outre vous n’avez certainement pas oublié que vous me devez une revanche…
– Bien évidemment, mais laissez-moi finir de préparer le thé, nous le boirons tranquillement, je vous parlerai de mon couteau turc et vous verrez que certains objets ont une véritable vie. Mais d’abord, dites-moi, avez-vous été vous promener ce matin ?
– Non, je suis allé faire des courses, je ne suis pas un stakhanoviste de la randonnée et si je peux éviter de me mouiller, j’évite. Mais je suis allé hier à Combourg.
– Ah, et vous avez visité le château de Combourg, son revenant à la jambe de bois et son chat desséché ?
– Oui, beaucoup de bruit pour rien, pourrait-on dire, mais j’ai bien aimé la ville. Je suis allé en bus jusqu’à Dol, puis en stop de Dol à Combourg.
– Du stop ? De l’auto-stop ? à votre âge, c’est totalement insensé !
– C’est bien pour cela que je le fais. Maintenant que je suis retraité, je peux faire des choses insensées.
– Un bon point pour vous, vous avez bien raison.
(à suivre...)
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