– Ce poignard serait donc une sorte de noir talisman, un porte-malheur si l’on peut dire…
– Je n’irais pas jusqu’à dire cela, il ne m’a rien fait à moi, comme s’il voulait rester chez moi, là où il serait tranquille.
– Aurait-il la force d’aimer ? ose Hervé en se demandant quel écho aurait sa phrase.
– Objets inanimés, avez-vous donc une âme, qui s’attache à notre âme, dit Marondeau.
– Et la force d’aimer, reprennent-ils en chœur.
Là, Marondeau a un geste qui surprend Hervé, il tend sa main gauche, paume à la verticale et la lui tend afin qu’il tape dedans. Ils éclatent de rire et il poursuit :
– Allons, on a des lettres ou on n’en a pas. Et pour parler comme Laurel et Hardy : « Shakespeare, Lamartine, qu’est-ce qui sort de la cheminée ? ».
– La fumée, mon cher, à moins que vous ne préfériez le Père Noël !
– Passons à un scrabble, nous en avons encore le temps, à moins que je ne vous aie trop impressionné avec mon histoire…
– Non, vous me devez une revanche, Raymond, sauf si vous avez une autre histoire à me raconter.
– J’ai une autre histoire à raconter, mais pas aujourd’hui. Je suis comme Shéhérazade, pas plus d’une histoire par jour. Ou par nuit…
– Oui, mais la dernière fois, vous m’aviez donné le nom de l’histoire, c’était l’histoire du couteau turc…
– Eh bien la fois prochaine, ce sera l’histoire sans nom…
– Bien, je ne demande plus rien, jouons…
– Un indice : cela s’appellera « l’histoire que m’a rappelée la connasse d’avant-hier », dit Marondeau.
– Voilà un mot bien trivial, vous parliez plutôt de pétasse, me semble-t-il.
– Je suis désolé et vous avez mille fois raison, c’est une pétasse et je ne suis qu’un vil calomniateur… jouons.
Cette fois, il a effectivement droit à une revanche éclatante, Raymond n’a aucune chance contre trois scrabbles lourdement rémunérés. Ils conviennent donc qu’une belle sera indispensable pour les départager.
*
(à suivre...)
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