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dimanche 11 juillet 2021

Pépé J en vacances

Lectrices et lecteurs attentifs, bonjour. Les vacances du chroniqueur ont rendu celui-ci un peu feignant et, pour ne pas manquer à ma prestation hebdomadaire, je vais vous resservir ma quatre-vingt-onzième chronique du temps exigu qui date de décembre 2013, excellent millésime…

« Il n’y rien de plus terrible qu’un feignant révolté ».

Et en effet on comprend qu’il est terrible pour tous les besogneux qui comptent leurs heures comme d’autres leurs sous, pour tous les traîne-savates qui vont au boulot en pensant que ça va comme un lundi et pour tous ces bosseurs à la petite semaine qui vont au labeur pour tromper leur ennui en attendant la retraite, il est terrible donc de voir le feignant se mettre à la tâche, faire en deux heures ce que d’autres ne feront jamais en vingt ans et fignoler l’ ouvrage en dépensant son temps sans compter les minutes, les semaines ou les années !

Car la conscience, disait Albert Camus, vient au jour avec la révolte et que peut-il y avoir de plus révoltant pour un feignant que de voir tous ces gâcheurs de métiers qui mâchonnent le travail comme une vache rumine son herbe, régurgitent ce qu’ils ne peuvent ingérer en éructations spumescentes et éjectent en bouses flatulentes le résultat de leur jobs merdiques. Que peut-il y avoir aussi de plus éprouvant que de voir le travail égrené à la seconde, à la minute, alors que la moindre des générosités est de s’y adonner avec fougue et sans calcul.

Etre feignant, c’est respecter la nature de l’homme qui n’est nullement fait pour s’évertuer à travailler alors que la vie est si belle lorsqu’on la regarde s’écouler en se laissant porter par son flot. Et s’il faut travailler, fichtre, que cela soit dans l’ardeur et l’enthousiasme !

Quand j’étais à l’école, j’eus l’heur de lire sur la couverture d’un cahier : «   Labor omnia vincit improbus » et la traduction que j’en fis me resta en mémoire : « le travail vainc les improbes ». Ignorant, car jeune encore, de ce que peuvent être les improbes, parfois moi-même traité de malprobe, je craignais donc à juste titre d’être vaincu par le labor en question et c’est là que ma vocation de feignant trouva sa source féconde puisqu’ensuite je poursuivis six ou sept années d’études en me gardant bien de les rattraper.

Cette phrase, je la connus il y a bien longtemps lorsque je me lançai dans le monde du travail. J’en ai presque fait ma devise et cette révolte m’a suivi tout au long de mon existence jusqu’à ce jour. Tel Saint-Georges terrassant le dragon, je me précipitai avec fougue sur le labeur afin de l’occire en combat singulier avant que ce ne soit lui qui m’abatte. Point de quartier avec cette hydre polycéphale !

On voit toutefois que si c’est une révolte, cela n’est pas une révolution.

 Note à benêt : dans une flemme excessive, le benêt que je suis a omis de publier deux épisodes du feuilleton "Dernier Tableau". Je prie instamment les lecteurs de me pardonner et la suite à jeudi prochain, c'est promis !

 

 

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