Donc, il semblerait que les juges se prennent au jeu du
« Juge, juge-toi toi-même » avec cet arrêt où ils signalent qu’un des
leurs, pris pour juge-arbitre comme
l’on dirait sportivement, a surpris ses deux autres collègues par fraude. Mais
de plus, ils se montrent féroces envers ces deux derniers en relevant qu’ils se
sont fait avoir par facilité, excès de confiance, parti pris, voire
incompétence.
Où donc allons-nous si maintenant des juges parlent ainsi des
juges ? On savait bien qu’il y a des plombiers, des maçons, des garagistes
et d’autres gougnafiers élus ou autoproclamés qui donnent dans la facilité, qui
pèchent par excès de confiance, qui tombent dans le parti pris ou qui font
montre d’incompétence… mais des juges tout de même ! Verra-t-on bientôt
des agents du fisc fiscalisant les percepteurs ? Des substituts procurant
des procureurs ? Ou des sénateurs députant des députés ? Et les
fraudeurs frauder les fraudeurs ? Ah, les choses ne sont plus ce qu’elles
étaient : avant on ne pouvait faire confiance à personne et maintenant il
faudra se défier de tous car si ceux qui nous administrent et nous jugent
deviennent de bonne foi, de qui pourra-t-on se plaindre ?
Où est donc le temps où un mauvais accord valait mieux qu’un
bon procès qui profitait surtout aux professionnels ? Où donc est le bon
vieux temps de Monsieur de La Fontaine avec le chat, la belette et le petit
lapin : « Grippeminaud le bon apôtre / Jetant des deux côtés la
griffe en même temps / Mit les plaideurs d’accord en croquant l’un et l’autre » ?
On voit par-là qu’il ne faut jamais dire « La Fontaine, je
ne boirai pas au tonneau ».
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