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jeudi 26 mars 2015

Le cabot de Fortunio (38)

-          Cette histoire peut vous paraître invraisemblable mais lisez Hérodote : lorsqu’il parle des Atarantes, il dit bien que c’est le seul peuple, à sa connaissance, chez qui les hommes n’aient pas de nom car ce sont les femmes qui le leur ont enlevés ; voyez aussi les populations aborigènes d’Australie chez lesquelles la pire des malédictions est de perdre son nom… nomen est numen disaient les Romains, le nom est la puissance ! termine le conteur rondouillard.
-           
J’émerge de cette histoire comme d’un rêve pour me rendre compte qu’il n’y a plus qu’une quinzaine de personnes en tout et qui font cercle autour de nous. Estelle me tient par l’épaule, Martine et Eve Qdc me regardent en souriant, Dutritel semble bien plus décontracté. C’est le moment que choisit mon téléphone portable pour sonner.
-          Albert Fortunio ? C’est François Bonnefoi. Je te dérange ?
-          Euh, oui… non… enfin ça dépend, réponds-je.
-          Je n’en ai pas pour longtemps mais il faut que tu saches. En deux mots : Eliane a été enlevée, là-bas en Afrique. On ne sait pas encore qui sont les ravisseurs, ça s’est passé dans la journée. Ecoute, je te rappelle demain matin, peut-être que j’en saurai plus mais je pense que c’est important que tu saches. Adios, Fortunio. Ou plutôt à demain.
Il a raccroché. Je dois faire la gueule car tout le monde me regarde avec inquiétude.
-          Quelque chose de grave ? tente Estelle.
-          Oui, je ne peux pas en parler, excusez-moi, j’aurais dû couper mon portable ou laisser sonner…
-          Y-a-t-il une urgence, on peut faire quelque chose pour vous ? demande Eve.
-          Non, non, rien, merci. Il vaut mieux que je parte, dis-je dans un souffle.
-          Vous ne voulez pas venir avec nous prendre une soupe à l’oignon, en ville, rapidement ? demande Martine.
-          Merci beaucoup, c’est gentil mais il vaut vraiment mieux que je rentre chez moi, excusez-moi…, dis-je en commençant à serrer des paluches.
Eve et Martine me font la bise. Estelle ne me lâche pas et dit qu’elle veut m’accompagner jusqu’à la sortie. Sur le trottoir, elle me tend une carte.
-          Ma carte de visite, sait-on jamais, si tu passes par Paris, appelle-moi sur mon portable…
Je l’embrasse et je me sauve. Pas question de s’attendrir, je commence déjà à en faire des tonnes dans la culpabilisation. Je rejoins mon véhicule et retour vers Marmande où m’attend mon tendre et fidèle molosse.
*
Samedi matin, j’ai du mal à me réveiller après une courte nuit de sommeil agité. Et je suis à peine debout que le téléphone sonne : c’est Livron qui veut savoir si le rosé ne m’a pas fait perdre la mémoire et si je me rappelle le rendez-vous à trois heures demain matin. Il aurait bien envie de causer mais je l’envoie chez Plumeau, je n’ai vraiment pas la tête à ça.

Je m’avale un petit-déj vite fait sur le gaz et, n’y tenant plus, je repère le numéro de Bonnefoi et je l’appelle. Bien sûr, je tombe sur la messagerie. Je bafouille un message en lui demandant bien sûr de me rappeler au plus tôt. Ce qui ne tarde pas et je décroche.
(à suivre...)

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