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Tu veux rire ! Et quoi ? On le
dépasse, on se met en travers de la route et on les arrête ? On est pas au
Far-West, on n’est pas des shérifs. Par contre, on va s’arrêter pour regarder
ce que donnent les photos, j’ai noté le numéro d’immatriculation mais c’est
mieux en photos, c’est mieux pour l’enquête.
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S’il y a
enquête, je préfère ne pas y être mêlé…
-
Meuh non, sot ! Qu’est-ce que tu
crois ? Je ne vais pas te demander de témoigner ni quoi que ce soit…
élémentaire, mon cher Watson !
-
J’aurais dû me rendre compte dès le début que
t’étais du genre Connard Doyle…
-
Toi, ton petit déjeuner n’est pas passé ou alors
il t’en faut plus. A Villeneuve, je te paie un café et des croissants, il y
aura bien quelque chose d’ouvert.
-
Eh bien voilà, tu sais parler aux hommes, mon
pote.
Il s’arrête sur un ancien morceau de route recyclé en aire de parking. Nous
regardons les photos. Il a un sacré appareil, le Raymond : sans flash,
dans le petit jour entre chien et loup, il y a au moins une photo sur laquelle
la plaque et la marque du camion sont bien visibles. Il est immatriculé 87, la
Haute-Vienne. Nous repartons et, à Villeneuve, nous trouvons en effet un café
en centre-ville, équipé de croissants et d’une machine à expresso. Raymond me dépose peu avant dix heures chez moi où Flèche m’accueille avec joie. Malgré sa présence, j’ai l’impression d’un grand vide, il faut que je fasse quelque chose et je pars avec le chien pour une grande balade. Il ne faut pas croire qu’il n’y a que des champs de tomates et de patates (avec des nitrates) dans la région de Marmande et nous partons pour trois heures. La marche m’a fait du bien, je mange un bout et m’attribue une heure de sieste pour récupérer du lever matinal. Vers seize heures, je me sens beaucoup plus clair et je pense à Flèche : qui va s’en occuper si je pars ? J’aurais pu sonder Livron mais point trop n’en faut. Et dans le voisinage, je ne vois guère, pas plus que mes ouvriers. L’illustre Dingley ? Non, il est trop imprévisible. Bon, j’appelle Méva, qui mieux que lui ? Coup de bol, il est chez lui et d’accord pour un gardiennage tant sine die qu’à durée indéterminée. Cela dit, il faut bien que je lui explique en deux mots la raison de mon éventuel départ mais c’est toujours un plaisir de causer avec lui.
Le lendemain, sans plus de nouvelles, je passe sur mon chantier où je mets mes gars au courant de mon possible départ puis je vais faire des approvisionnements. La matinée se passe ainsi et, pendant que je mange, mon téléphone sonne.
-
Fortunio ? C’est Raymond. Ecoute, j’ai
plein de choses à te raconter. Mais d’abord sur ton affaire, j’ai eu mon
frangin hier soir et il vient de me rappeler. Alors, en gros ce qu’il a pu
savoir c’est qu’au niveau de la Chancellerie, on n’est pas très motivé par
cette histoire. D’abord, ton ONG n’est pas un poids lourd de l’humanitaire,
excuse-moi de te dire les choses un peu crûment… Ensuite, on sait pas trop de
quoi il retourne et le gouvernement du Gondo ne veut pas trop se mouiller, ça
se passe dans des régions frontalières et ils ne veulent pas d’incident
diplomatique. Donc, ça c’est déjà une donnée importante, d’après mon frangin.
Mais, car il y a toujours un mais
dans ce genre d’affaire, les milieux généralement
bien informés, si tu vois ce que je veux dire…
-
Je vois, je vois, accélère, Raymond !
-
Oui, j’y arrive. Disons que les spécialistes
pensent que ce n’est pas une action politique mais qu’il va y avoir une demande
de rançon.
-
Et alors ?
-
Ben, ça serait ni mieux ni moins bien mais la
seule négociation possible dans un cas comme ça, c’est le fric.
-
Oui, c’est plus simple, enfin…
(à suivre...)
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