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dimanche 3 mai 2015

Chronique du temps exigu (154)


« Puis, après avoir flâné dans les rues, je décide de me payer un restau et pourquoi pas aller à Lamothe, à La queue de poêle  chez Emma. Elle n’a pas son pareil pour préparer la caille au chou et, il y a quelques années, je lui ai appris que la caille est un petit gibier délicieux dont le nom se prête aimablement à bon nombre de contrepèteries. » Cette phrase est extraite du feuilleton du jeudi et vous avez déjà compris que nous allons parler d’un procédé littéraire appelé contrepet ou contrepèterie, à ne pas confondre avec le calembour, ou jeu de mots, ni avec le kakemphaton, jeu de mots fortuit.
La contrepèterie, selon les experts, est l’art de décaler les sons. Sous des dehors anodins, elle cache souvent une traduction plutôt grivoise. Mais il y a aussi la contrepèterie de salon qui peut être captée par toutes les oreilles, ad usum delphini… Les moustiques sont partis, les mystiques sont partout en est un exemple. Mais si votre garagiste vous parle de la valve de la culasse, craignez le pire ! De même si votre maçon ne s’entête pas à regarder le béton vu qu’il triture les bétons à la tonne.
Donc, pour revenir à ce petit restaurant, on y servirait pour commencer un petit coup de bouillon puis de la macreuse au sel avec le cumin d’aigre-doux, de la brandade au lard pour finir avec des cèpes sucrés, le tout arrosé d’un cru coûteux, ce cru-là, c’est pas un cadeau ! L’art de découper les cailles permet de montrer une belle coupe. En dessert, une mousse à la pistache, vous lècherez les grains de la sauce.
Une lectrice, tricoteuse dans les Pouilles, me signale que je ne me gêne pas pour en glisser çà et là dans mes romans : « L’Afrique plaît aux nippones », dans le Magot de Fortunio et « Le verger des muses » dans Dernier Tableau (entre autres).
C’est toujours un plaisir que de laisser à votre interlocuteur le choix sur la date pour brancher les colonnes. Mais quand le contrepet se glisse incognito, n’insistez jamais vous l’éventeriez.

 On voit par là qu’il n’y a pas loin du pécule à la contrebasse.

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