-
Attends, je suis pas dans le portefeuille de ton
assoce ni dans le tien mais je crois qu’il faudra bien mouiller les milieux
officiels. Vous avez cinq-cents mille à balancer comme ça ?
-
Ben, rappelle-toi le paquet que tu m’avais
confié, ça faisait déjà dans les cent. Ensuite, la fondation peut assurer au
moins deux-cents. Et moi, j’hypothèque mon garage, je fais facile les
deux-cents restants. Bien sûr, ça ne me réjouit pas mais que faire,
sinon raquer ?
-
J’en sais rien. Mais ça fait léger, non,
cinq-cents à la place de dix boules ?
-
Je sais mais j’allais pas promettre trop haut
avant d’avoir, comme tu le dis si bien, tâté les milieux officiels. Mais le
principe, pour eux, c’est de ne pas payer de rançon, quitte à fermer les yeux
quand ce sont des employés de grosses sociétés et que ces sociétés négocient
directement…
-
D’accord, mais vous n’avez pas les mêmes moyens
qu’eux, je suppose…
-
Non, mais ça c’est mon problème en quelque
sorte, sans vouloir te vexer. Je raccroche, excuse-moi, mais on aura d’autres
occases pour se reparler. Et en direct, ça serait mieux, si tu vois ce que je
veux dire
Et en effet, il raccroche. Je vais encore passer une sale nuit.Mercredi, je traîne ma langueur sur le chantier, puis le jour suivant et ce n’est que vendredi matin que François rappelle :
-
Bon, en vitesse : les mecs se sont rabattus
sur un million, ça n’a pas été comme sur des roulettes mais je suis certain
qu’ils ont intérêt à faire vite, à prendre l’oseille fissa sans laisser
pourrir.. .
-
Et tu as les finances ?
-
Il manque encore cent-cinquante. Ceux-là, je ne
sais vraiment pas où les trouver, mais je vais trouver…
-
Si ce n’est que cela, je peux essayer de faire
quelque chose, il me faut juste un peu de temps.
-
J’en sais rien, à toi de voir si tu crois
vraiment que cela t’est possible. Mais quoiqu’il en soit, une chose est de
savoir où trouver le fric et une autre chose est de l’avoir dans une valoche,
prêt à servir, si tu vois ce que je veux dire…
-
Oui, je vois, t’inquiète, je sais ce que ça veut
dire. On se rappelle quand, à ton avis ?
-
Ce soir. Mais on ne va pas pouvoir continuer à
tchatcher comme ça au téléphone, n’oublie pas qu’on est sur les ondes…
-
Si tu le dis. Alors à plus ?
-
A plus, oui, ne m’appelle pas, c’est moi qui
appellerai si nécessaire. Peut-être pourrait-on se voir, je sais pas, si tu
avais l’occasion d’aller sur Moissac par exemple, ça me ferait moins de chemin…
On verra, ciao !
Le temps paraît bien long, je pense tout le temps à Eliane. Comment cela se
passe-t-il pour elle, dans quelles conditions une femme seule peut-elle vivre
un pareil enlèvement… je m’imagine le pire puis je tente de me rassurer,
ensuite ces questions reviennent me tarauder le cerveau.Le soir je trouve dans ma boîte aux lettres une enveloppe avec un exemplaire d’un grand journal du soir, daté du mercredi. Je feuillette distraitement ce quotidien quand, arrivé aux pages culturelles, un titre me saute aux yeux :
(à suivre...)
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