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jeudi 21 mai 2015

Le cabot de Fortunio (46)

-          Attends, je suis pas dans le portefeuille de ton assoce ni dans le tien mais je crois qu’il faudra bien mouiller les milieux officiels. Vous avez cinq-cents mille à balancer comme ça ?
-          Ben, rappelle-toi le paquet que tu m’avais confié, ça faisait déjà dans les cent. Ensuite, la fondation peut assurer au moins deux-cents. Et moi, j’hypothèque mon garage, je fais facile les deux-cents restants. Bien sûr, ça ne me réjouit pas mais que faire, sinon raquer ?
-          J’en sais rien. Mais ça fait léger, non, cinq-cents à la place de dix boules ?
-          Je sais mais j’allais pas promettre trop haut avant d’avoir, comme tu le dis si bien, tâté les milieux officiels. Mais le principe, pour eux, c’est de ne pas payer de rançon, quitte à fermer les yeux quand ce sont des employés de grosses sociétés et que ces sociétés négocient directement…
-          D’accord, mais vous n’avez pas les mêmes moyens qu’eux, je suppose…
-          Non, mais ça c’est mon problème en quelque sorte, sans vouloir te vexer. Je raccroche, excuse-moi, mais on aura d’autres occases pour se reparler. Et en direct, ça serait mieux, si tu vois ce que je veux dire
Et en effet, il raccroche. Je vais encore passer une sale nuit.
Mercredi, je traîne ma langueur sur le chantier, puis le jour suivant et ce n’est que vendredi matin que François rappelle :
-          Bon, en vitesse : les mecs se sont rabattus sur un million, ça n’a pas été comme sur des roulettes mais je suis certain qu’ils ont intérêt à faire vite, à prendre l’oseille fissa sans laisser pourrir.. .
-          Et tu as les finances ?
-          Il manque encore cent-cinquante. Ceux-là, je ne sais vraiment pas où les trouver, mais je vais trouver…
-          Si ce n’est que cela, je peux essayer de faire quelque chose, il me faut juste un peu de temps.
-          J’en sais rien, à toi de voir si tu crois vraiment que cela t’est possible. Mais quoiqu’il en soit, une chose est de savoir où trouver le fric et une autre chose est de l’avoir dans une valoche, prêt à servir, si tu vois ce que je veux dire…
-          Oui, je vois, t’inquiète, je sais ce que ça veut dire. On se rappelle quand, à ton avis ?
-          Ce soir. Mais on ne va pas pouvoir continuer à tchatcher comme ça au téléphone, n’oublie pas qu’on est sur les ondes…
-          Si tu le dis. Alors à plus ?
-          A plus, oui, ne m’appelle pas, c’est moi qui appellerai si nécessaire. Peut-être pourrait-on se voir, je sais pas, si tu avais l’occasion d’aller sur Moissac par exemple, ça me ferait moins de chemin… On verra, ciao !
Le temps paraît bien long, je pense tout le temps à Eliane. Comment cela se passe-t-il pour elle, dans quelles conditions une femme seule peut-elle vivre un pareil enlèvement… je m’imagine le pire puis je tente de me rassurer, ensuite ces questions reviennent me tarauder le cerveau.

Le soir je trouve dans ma boîte aux lettres une enveloppe avec un exemplaire d’un grand journal du soir, daté du mercredi. Je feuillette distraitement ce quotidien quand, arrivé aux pages culturelles, un titre me saute aux yeux :
(à suivre...)

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