Colette fut extrêmement
touchée par mon geste. Le déjeuner était prêt et nous nous mîmes à table.
D’emblée, René proposa qu’après déjeuner, nous allions nous promener dans les
environs. Il évoqua même la possibilité que nous puissions trouver quelques
champignons. J’essayai bien sûr de me défiler et de proposer de les rejoindre plus
tard, avec une explication un peu tortueuse qui laissa René quelque peu rêveur.
Il eut le bon goût de ne pas insister, mais je le sentais dubitatif. Je partis
donc après le repas en promettant de les rejoindre le plus vite possible.
Je revins sur Villeneuve
et me garai sans difficulté sur la place Décorat. Le magasin de fleurs était
fermé, mais je frappai à la porte et Sylvie vint m’ouvrir et me fit entrer.
— Ne restez pas dans le
magasin, avancez jusqu’à la pièce du fond, me dit-elle.
Je m’avançai ainsi jusque
dans une arrière-boutique dont le milieu était occupé par un plan de travail
sur lequel trônait un ensemble floral splendide.
— Voilà, vous voyez que
je suis en plein travail, je dois livrer cet ensemble pour ce soir. C’est pour
une réception dans le grand hall de la mairie. Mais nous pouvons parler, mon
mari et Ninon, ma belle-mère, sont partis avec les filles pour tout
l’après-midi. Vous avez donc un message à me faire passer de la part de Michel.
Michel Hupart, je suppose ?
— En fait, il ne m’a pas
donné son nom de famille, je le connais seulement sous son prénom, répondis-je.
— Vous n’êtes pas très
curieux…
— En effet, mais nous ne
nous connaissons que depuis cette nuit, repris-je en riant, j’ai eu l’honneur
de soigner le nez de ce monsieur et de l’aider à se rhabiller…
— Roger ne l’a pas trop
abimé quand même ?
— Rassurez-vous, vous le
retrouverez en bon état, le nez un peu coloré de bleu et la mâchoire
douloureuse, mais toujours amoureux de vous. C’est bien ce qui m’amène ici
d’ailleurs. Michel vous demande, instamment dirais-je, d’introduire rapidement
une demande de divorce. Il veut que vous divorciez de votre mari, bien sûr…
— J’avais compris, je ne
vois pas de qui d’autre je pourrais divorcer, commenta Sylvie. Mais continuez, continuez,
dit-elle tout en arrangeant ses fleurs.
— Donc, il vous demande
d’introduire une procédure de divorce, il vous trouvera un avocat. Ainsi qu’une
maison à l’extérieur de la ville pour vous, lui et vos filles.
— C’est tout ? Demanda
ironiquement Sylvie.
— Il y a encore une chose
qu’il m’a demandée de dire…
— Dites alors, je vous
écoute, me dit-elle.
— Il dit que c’est à
prendre ou à laisser...
(à suivre...)
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