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dimanche 6 novembre 2016

Chronique de Serres et d’ailleurs II (7)




Auditrices et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. Les stéréotypes ont la vie dure et cela n’est pas sans raison.
Prenons un exemple, parlons des allemands. L’allemand est, paraît-il, rigoureux. Non dans le sens où l’on parlerait d’un hiver rigoureux mais dans le sens de l’organisation, de la planification, de la rectitude et de la ponctualité. Même des allemands en viennent à parler d’eux-mêmes en ces termes. Et ils pousseraient le bouchon jusqu’à se dire vertueux en économie. Ce qui leur autorise, soit dit en passant, une certaine condescendance à l’égard des peu rigoureux et mal vertueux, suivez mon regard… Bien sûr, il se trouve des esprits chafouins pour prétendre que des fabricants d’automobiles germaniques ont trafiqué des logiciels en vue d’améliorer l’image écologique de leurs véhicules mais cela ne serait-il pas une conspiration orchestrée par des américains et des écologistes ?
La rigueur allemande est une flamme entretenue par sa chancelière vestale et la vertu allemande est le Graal des financiers teutoniques. L’allemand moyen en est le thuribulaire.  Disons-le sans ambages, ce n’est pas qu’un stéréotype, c’est une réalité et nous pouvons le démontrer.
Je vais le prouver en puisant dans une actualité récente quoique peu diffusée par les grands médias, ceux-ci étant plus préoccupés par les voleurs de poules que par la grande délinquance financière. Certaines grandes banques des pays dits développés ont triché avec les règles qui furent établies pour conserver à la haute finance un semblant de sincérité. Prises la main dans le pot de confiture, si j’ose dire, certaines d’entre elles ont dû reconnaître avoir falsifié leurs déclarations à propos d’un indice appelé Libor. Quand une banque magouille, à fortiori une grande banque, cela n’est jamais ni gratuit ni à son désavantage. Avec un peu de retard – la prudence est de rigueur à Berlin - la Deutsche Bank a avoué publiquement ses fautes. Elle s’est même engagée à rechercher et punir quelques lampistes de service. Considérant que faute avouée est à moitié pardonnée - surtout quand l’aveu intervient in extrémis - cette banque a demandé à bénéficier d’un statut de témoin repenti pour avoir dénoncé tant ses propres fautes que celles de ses petits camarades.
C’est avec rigueur que cette banque a trafiqué comme les autres et c’est vertueusement qu’elle livre ses lampistes et ses comparses. Ce qui frappe surtout c’est la synergie qu’il y a entre rigueur et vertu. Voyez les grecs par exemple, ils sont censés être sans rigueur et s’ils ont de la vertu, elle ne leur servira de rien. Je n’ose imaginer les qualificatifs dont les journaux allemands auraient usé pour qualifier ces agissements bancaires s’ils eussent été helléniques.
On voit par là qu’il vaut mieux tricher gros pour garder une bonne réputation.

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