C’est toi qui vois, me
dit-elle en allumant le pétard qu’elle venait de se confectionner. Elle en
aspira méticuleusement une bonne bouffée, puis, la bouche fermée, me tendit le
cône fumant. Je déclinai l’offre et par là même je déclinai dans son estime, à
en juger par le regard apitoyé qu’elle me lança. La conversation s’arrêta là,
Magali s’isola dans sa fumée. Pendant ce temps, Michel s’affairait. Au fumet
qui se dégageait, je lui supposai de bonnes qualités culinaires, ce qui est rassurant.
Un type comme cela ne devrait pas être tout mauvais…
— Ça vient, la viande est
du supermarché mais les légumes sont du jardin, regarde-moi ces tomates,
dit-il.
— En effet elles sont
belles, ton jardin est derrière la maison ?
— Oui, je vais te faire
voir, le temps que ça cuise un peu, je ferai la viande après.
Nous sortîmes derrière et
effectivement, il ne jardinait pas pour rigoler le Michel. Le jardin était
soigné, il y avait de tout, des tomates, des laitues, des blettes, des
carottes…
— Tu comprends, le
jardin, c’est le premier argent économisé, et on sait ce qu’on mange, qu’est-ce
t’en penses ? Me demanda-t-il.
— Houlà, oui, tu as bien
raison, mais moi je n’ai pas le temps de me faire un jardin. On ne peut pas
tout faire, que veux-tu, lui répondis-je. Mais j’admire ton jardin. Tu a l’air
un peu branleur comme ça, mais question jardin tu assures.
— Le branleur te
remercie, conclut-il. Et nous rentrons.
Le repas traîna un peu en
longueur à mon goût, suivi du café, les clopes, la maison devenait une vraie
tabagie et je sortis prendre l’air. Je m’étais juste fumé la cigarette d’avant
le repas, mais j’avais largement inhalé ensuite. Michel sortit, puis se ravisa
et rentra prendre sa veste. Visiblement, il était prêt à repartir, je passai
une tête dans la maison pour saluer Magali.
— Au revoir, euh, madame,
dis-je.
— J’ai un prénom, tu peux
m’appeler Magali, on se connaît maintenant, me répondit-elle.
— Au revoir Magali !
Je la laissai sur son
nuage et je sortis. Michel était déjà dans mon fourgon et il m’attendait.
— Tu ne prends pas ta
bagnole ? Je repars sur Le Blédard tout à l’heure et je n’ai pas envie de
devoir faire un aller-retour pour te ramener, lui dis-je en ouvrant la portière
du passager. Il redescendit en grommelant, mais monta dans sa R5 et démarra. Je
montai dans mon fourgon dont l’intérieur s’était délicatement parfumé au fuel
et je le suivis. Nous arrivâmes au bois de Montieu. Michel rentra avec sa
voiture dans sa propriété, je garai mon fourgon à l’extérieur de la clôture,
près du portail. Je sortis les bidons et les mis dans sa R5.
— Tiens, fais attention à
ne pas en renverser, Sylvie n’apprécie peut-être pas l’odeur du fuel, dis-je.
— Très amusant, allez,
monte, on va déposer cela à pied d’œuvre, je prends une pelle, une pioche et un
pal fer, me répondit-il.
(à suivre...)
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