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jeudi 17 novembre 2016

René-la-Science (24)



C’est toi qui vois, me dit-elle en allumant le pétard qu’elle venait de se confectionner. Elle en aspira méticuleusement une bonne bouffée, puis, la bouche fermée, me tendit le cône fumant. Je déclinai l’offre et par là même je déclinai dans son estime, à en juger par le regard apitoyé qu’elle me lança. La conversation s’arrêta là, Magali s’isola dans sa fumée. Pendant ce temps, Michel s’affairait. Au fumet qui se dégageait, je lui supposai de bonnes qualités culinaires, ce qui est rassurant. Un type comme cela ne devrait pas être tout mauvais…
— Ça vient, la viande est du supermarché mais les légumes sont du jardin, regarde-moi ces tomates, dit-il.
— En effet elles sont belles, ton jardin est derrière la maison ?
— Oui, je vais te faire voir, le temps que ça cuise un peu, je ferai la viande après.
Nous sortîmes derrière et effectivement, il ne jardinait pas pour rigoler le Michel. Le jardin était soigné, il y avait de tout, des tomates, des laitues, des blettes, des carottes…
— Tu comprends, le jardin, c’est le premier argent économisé, et on sait ce qu’on mange, qu’est-ce t’en penses ? Me demanda-t-il.
— Houlà, oui, tu as bien raison, mais moi je n’ai pas le temps de me faire un jardin. On ne peut pas tout faire, que veux-tu, lui répondis-je. Mais j’admire ton jardin. Tu a l’air un peu branleur comme ça, mais question jardin tu assures.
— Le branleur te remercie, conclut-il. Et nous rentrons.
Le repas traîna un peu en longueur à mon goût, suivi du café, les clopes, la maison devenait une vraie tabagie et je sortis prendre l’air. Je m’étais juste fumé la cigarette d’avant le repas, mais j’avais largement inhalé ensuite. Michel sortit, puis se ravisa et rentra prendre sa veste. Visiblement, il était prêt à repartir, je passai une tête dans la maison pour saluer Magali.
— Au revoir, euh, madame, dis-je.
— J’ai un prénom, tu peux m’appeler Magali, on se connaît maintenant, me répondit-elle.
— Au revoir Magali !
Je la laissai sur son nuage et je sortis. Michel était déjà dans mon fourgon et il m’attendait.
— Tu ne prends pas ta bagnole ? Je repars sur Le Blédard tout à l’heure et je n’ai pas envie de devoir faire un aller-retour pour te ramener, lui dis-je en ouvrant la portière du passager. Il redescendit en grommelant, mais monta dans sa R5 et démarra. Je montai dans mon fourgon dont l’intérieur s’était délicatement parfumé au fuel et je le suivis. Nous arrivâmes au bois de Montieu. Michel rentra avec sa voiture dans sa propriété, je garai mon fourgon à l’extérieur de la clôture, près du portail. Je sortis les bidons et les mis dans sa R5.
— Tiens, fais attention à ne pas en renverser, Sylvie n’apprécie peut-être pas l’odeur du fuel, dis-je.
— Très amusant, allez, monte, on va déposer cela à pied d’œuvre, je prends une pelle, une pioche et un pal fer, me répondit-il.
(à suivre...)

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